Maduro assure que l’armée reste fidèle au gouvernement

L’opération de déstabilisation déclenchée tôt le matin par Juan Guaidó & Léopoldo López en cavale et un groupe d’effectifs de la Force armée nationale bolivarienne n’a pas atteint l’objectif de se propager dans les casernes.
Le temps s’est encore accéléré au Venezuela. De nouveau, après des semaines de calme, la droite a de nouveau tenté un dénouement dans sa tentative de renverser Nicolas Maduro. Cette fois-ci, c’est une action militaire qui a débuté à 4 heures du matin à la base militaire de La Carlota, la principale à Caracas. Il y a eu une action menée par un groupe d’une centaine de membres de la Force armée nationale bolivarienne (Fanb) appartenant au corps de la Garde nationale bolivarienne.
Le fait dans la base militaire a été sous contrôle dans la matinée. Le point principal fût l’apparition sur ce site de Juan Guaidó avec Leopoldo López, le chef du parti –Voluntad Popular – auquel appartient Guaidó- qui s’est échappé de son arrestation domiciliaire. Guaidó a déclaré dans une vidéo publiée sur ses réseaux sociaux que c’était la phase finale de ce qu’il a appelé « l’Opération Liberté« , lancée en avril. Dans son appel, il a prétendu compter sur le soutien des Fanb et a appelé à descendre dans la rue.
L’action putschiste a bénéficié du soutien public international, du gouvernement des États-Unis, par l’intermédiaire de son vice-président Mike Pence et de son secrétaire d’État Mike Pompeo, du président colombien Ivan Duque, du gouvernement argentin par l’intermédiaire du chancelier Jorge Faurie, du secrétaire de l’Organisation des États américains, Luis Almagro, du président du Parlement européen, Antonio Tajani et d’autres. Pour sa part, le gouvernement espagnol a rejeté cette tentative violente : « Il doit être clair que l’Espagne ne soutient aucun coup d’État militaire ».
En fin de matinée, le foyer qui concentrait l opérations puschistes s’est déplacée de la base militaire – où ils ont réussi à abattre une clôture mais pas à entrer – au distributeur d’Altamira, où une partie des militaires rebelles avec des blindés volés, des leaders de l’opposition comme Guaidó et María Corina Machado, des groupes de confrontation de rue de droite, ainsi que des manifestants favorables au coup d’État s’y sont réunis.
« La plupart des soldats présents au distributeur ont été bernées. Il s’agit d’un acte lâche et terroriste et d’une tentative de coup d’État de très faible ampleur (…) 80 pour cent des troupes qui ont participé à cet appel ont été leurrées », a déclaré le ministre de la Défense dans une déclaration de la Fanb à midi. « Nous tenons les dirigeants fascistes et antipatriotiques responsables de toutes les effusions de sang », a déclaré Padrino López.
Le Président Maduro a déclaré : « J’ai parlé avec les commandants de toutes les REDI – Région de Défense Intégrale – et ZODI – Zone de Défense Intégrale – du pays, qui m’ont manifesté leur totale loyauté envers le peuple, envers la Constitution et envers la patrie ». La version de Guaidó prétendant avoir le soutien de Fanb était bel et bien fausse.
L’opération déclenchée au petit matin n’a donc pas atteint l’un de ses objectifs qui était de s’étendre vers d’autres casernes pour construire une escalade en direction du centre du pouvoir. En ce qui concerne l’effet médiatique, le plan a été réalisé, ainsi que la création d’un nouveau scénario de violence, de déstabilisation et de construction d’un nœud critique à Altamira, avec le plan pour pouvoir le développer et l’étendre à plusieurs endroits de la ville et du pays. Cette dernière n’a pas eu lieu, et Caracas, ainsi que les différents états du pays, présentent une tranquillité avec beaucoup de tension. Quant au Chavisme, il a été mobilisé devant le palais de Miraflores.
Des actions violentes se sont présentées, comme celle dénoncée par Padrino López : « Je dénonce l’agression violente envers le colonel Yerzon Jimenez Baez, chef des opérations du CZGNB-43, victime, blessé par balle au cou sur la route Francisco Fajarado. Il est en ce moment dans la salle d’opération. Dans le même temps, un événement non élucidé a été enregistré, au cours duquel un blindé a écrasé quelques manifestants. »Certaines des armes utilisées pendant la tentative de coup d’État sont des fusils d’assaut AR-15 de fabrication étasunienne. Les mêmes qui ont été trouvé au domicile de Roberto Marrero, chef de cabinet de Guaidó, accusé d’être l’auteur intellectuel des cellules terroristes.
L’aile droite d’Altamira a montré des signes de récupération de sa capacité de belligérance en même temps que de désorientation face à une situation accélérée mais sans réelle force pour des objectifs plus importants : Guaidó a appelé à une mobilisation vers l’ouest, c’est-à-dire vers le centre politique, puis a reculé et insisté sur l’appel à mobilisation pour le lendemain, 1er mai. Quant à l’appui réel dans les rues, il n’a pas pu se massifier comme ils l’avaient prévu dans leur plan d’escalade. Dans ce contexte, on s’attend à ce que des actions violentes aient lieu, comme en témoignent l’incendie d’un bus près d’Altamira et la décision de ne pas se retirer des rues.
L’image d’une rivière agitée d’armes et de coups de feu est un scénario recherché par la droite, dans le cadre du plan d’escalade de l’affrontement pour chercher la rupture du rapport de forces, ou d’atteindre une plus grande capacité à se sentir victorieux dans un moment de difficulté à maintenir l’attente suscitée par Guaidó. Le soutien direct des États-Unis scelle l’action. Plusieurs pays se sont prononcés contre la tentative de coup d’État et en faveur du soutien à la démocratie et au dialogue, comme les gouvernements bolivien, russe et iranien.
Marco Teruggi
Pagina 12 / Traduction : Venesol