
Le premier rapport de l’ONU sur le Venezuela considérait que la crise vénézuélienne était due à la guerre économique menée par les Gouvernements des Etats-Unis et du Canada. Alfred de Zayas, expert indépendant en Droits humains a publié en 2019 un article dans lequel il indiquait que l’utilisation des Droits humains comme arme a transformé le droit individuel et collectif à l’assistance, à la protection, au respect et à la solidarité basés sur notre dignité et l’égalité en un arsenal hostile aux concurrents et aux adversaires politiques.
De Zayas est l’expert envoyé au Venezuela par le Bureau du Haut Commissaire des Nations Unies pour rédiger un rapport sur ce qu’on appelle la « crise humanitaire » que vit le pays. Ce rapport, loin d’avaliser le discours médiatique international des Etats-Unis, a montré une réalité bien différente. De Zayas a estimé que l’une des causes les plus importantes de la crise vénézuélienne était les sanctions unilatérales mises en place par les Gouvernements des Etats-Unis et du Canada.
Il a estimé que les sanctions et les blocus économiques modernes sont comparables aux sièges médiévaux des villes destinés à les obliger à se rendre. Les sanctions du XXIe siècle sont destinées à mettre à genoux non plus seulement des villes mais des pays souverains. Une autre différence, peut-être, est que les sanctions du XXIe siècle sont accompagnées de la manipulation de l’opinion publique grâce à de « fausses informations », des relations publiques agressives et une rhétorique pseudo-humaine destinées à donner l’impression que « la fin » des Droits humains justifie les moyens criminels.
La publication de ce rapport a été retardée de presque un an par le Bureau du Haut Commissaire des Nations Unies, dirigé à ce moment-là par le Jordanien Zeid Raad Hussein.
Des yeux uniquement pour le Venezuela
Le 4 juillet 2019, après avoir été invitée par le Gouvernement de Nicolás Maduro lui-même, Michelle Bachelet publie un rapport sur la situation des Droits humains dans le pays.
L’ex-présidente chilienne, en plus de ne pas prendre en compte le rapport de De Zayas, a avalisé un document qui, comme l’a dénoncé Caracas, omet la version des victimes de la violence provoquée par la droite en 2017.
Mais cela ne s’arrête pas là. Le 18 décembre 2019, tandis qu’au Chili, plus de 300 personnes étaient mutilées par les forces de sécurité de Sebastián Piñera et qu’en Bolivie, la dictature de Jeanine Áñez massacrait les partisans d’Evo Morales, la commissaire aux Droits humains, Michelle Bachelet, préférait se focaliser sur le Venezuela.
Le rapport présenté, connu sous le nom « d’Actualisation orale sur la situation des Droits humains en République Bolivarienne du Venezuela, » comprte une série de « préoccupations » qui, vues à travers le filtre de l’expérience, deviendront les axes autour desquels tournera la stratégie du « siège et de l’asphyxie » que les Etats-Unis appliqueront contre le pays bolivarien.
Guerre contre l’or vénézuélien : blocus financier total du Venezuela
Bachelet fait part de son inquiétude quant à l’impact de l’extraction de l’or, des diamants, du coltan et d’autres métaux dans l’Arc Minier de l’Orénoque sur le mode de vivre des peuples indigènes et sur les conséquences environnementales sur leurs territoires.
Mais cette consternation de la haute commissaire a été précédée par les sanctions imposées par le Département du Trésor des Etats-Unis en mars 2019 à la société minière d’Etat vénézuélienne et à son président Adrián Antonio Perdomo Mata.
La secrétaire au Trésor des Etats-Unis, dans une inhabituelle préoccupation environnementale qu’elle n’a pas montrée quand la British Petroleum a déversé 780.000.000 de litres de pétrole dans le Golfe du Mexique et affecté les côtes de Floride, de la Louisiane et de Cuba, a déclaré qu’ils allaient poursuivre agressivement ceux qui sont impliqués dans le commerce illégal et irréfléchi de l’or de Maduro qui contribue à cette crise financière, humanitaire et environnementale.
D’autre part, pour poursuivre dans les doubles standards, la commissaire aux Droits humains a exhorté le Gouvernement vénézuélien a « démanteler les groupes armés illégaux présents dans l’Arc Minier de l’Orénoque ». Peut-on seulement espérer que cela s’applique aux groupes paramilitaires qui ont récemment attaqué un poste militaire au sud du Venezuela qui, selon la vice-présidente vénézuélienne et le ministre de la Communication, Jorge Rodríguez, reçoivent un entrainement dans « des camps paramilitaires parfaitement identifiés en Colombie » et jouissent de la collaboration du Gouvernement de Jair Bolonaro.
L’impunité pour les personnalités politiques emprisonnées
Le 15 décembre 1812, le libérateur Simón Bolívar a écrit un document – connu sous le nom de « Manifeste de Carthagène » – dans lequel il explique les causes de l’échec de la première tentative pour instaurer la République. « … L’impunité des délits d’Etat commis … par nos natifs et implacables ennemis… A chaque conspiration succédait un pardon et à chaque pardon, succédait une autre conspiration qu’on pardonnait à nouveau… » écrivait Bolívar.
200 ans plus tard, Michelle Bachelet demande « la liberté totale pour le député Juan Requesens et pour les autres prisonniers politiques. » Juan Requesens qui a participé activement à la conspiration visant à perpétrer un assassinat contre le président de la République le 4 août 2018.
Pendant ce temps, des organismes des Droits humains palestiniens dénoncent le fait que « jusqu’en 2015, 700 enfants palestiniens avaient été arrêtés par Israël mais au début d’octobre 2017, ce chiffre a atteint les 4.000. Le régime de Tel Aviv a arrêté plus de 1 467 enfants en 2017 et 1 063 en 2018 et 118 ont été arrêtés dans les 2 premiers mois de 2019 ». Selon ces organisations, 95% de ces enfants ont été torturés dans les prisons israéliennes.
Des élections libres dans le pays le plus contrôlé du monde
Bachelet a estimé qu’il était crucial qu’aux « élections prévues en 2020 au Venezuela, on garantisse des élections libres, impartiales, crédibles, transparentes et pacifiques. » Une chose au moins avec laquelle le Gouvernement de Nicolás Maduro est tout à fait d’accord, puisque son parti a annoncé qu’il y aurait des élections législatives en 2020.
Mais un secteur radical de la droite vénézuélienne dirigé par María Corina Machado continue à lancer des appels pour engager une sortie par la force de la situation politique au Venezuela.
Que dire du silence absolu de Bachelet face au coup d’Etat contre Evo Morales en Bolivie. Cela ne semble pas très cohérent avec ses discours exigeant plus de démocratie pour le Venezuela.
Les FAES dans la ligne de mire
Comment est-il possible que le Bureau du Haut Commissaire aux Droits humains n’ait jamais appelé à la dissolution du Mossad, des Navy Seals, ou de tant d’autres groupes d’opérations spéciales associés à l’OTAN impliqués dans des crimes contre l’humanité autour du monde ?
Mais parce qu’il ne s’agit pas du Venezuela.
Bachelet affirme qu’elle a enregistré « de ‘possibles’ exécutions extrajudiciaires commises par les Forces d’Action Spéciale de la Police Nationale – connues sous le nom de FAES – dans certains quartiers du pays » et sans avoir besoin de plus d’information, elle recommande « la dissolution des FAES et d’empêcher l’éventuelle pratique d’exécutions extrajudiciaires. » De plus, pour alimenter le dossier que le Tribunal Pénal International prétend présenter contre Nicolás Maduro, elle ajoute une ligne qui n’a rien d’innocent : « Au contraire, les FAES ont reçu le soutien du Gouvernement au plus haut niveau. »
Bien que Bachelet en personne reconnaisse que le Ministère Public a envoyé des informations disant qu’entre août 2017 et mai 2019, on avait condamné « 104 membres des forces de sécurité pour violation des Droits de l’Homme, » le Gouvernement vénézuélien doit être beaucoup plus actif aussi bien au niveau de la procédure que de la communication s’il ne veut pas que cette ligne d’attaque contre le Venezuela devienne un prétexte pour agresser le pays.
Malheureusement, et étant donné le peu de conviction qu’a manifestée Bachelet pour s’occuper des très graves cas de violation des Droits humains au Chili, en Palestine, au Yemen, en Libye ou aux Etats-Unis — où des dizaines d’enfants d’Amérique Centrale ont été enlevés ou sont morts alors qu’ils étaient sous la garde de la police de l’émigration étasunienne — nous ne pouvons considérer sa « mise à jour » que comme un outil de plus de la structure de Lawfare utilisée pour attaquer les Gouvernements opposés à la ligne de Washington.
Combien de carabiniers seront-ils inculpés au Chili pour la mutilation des yeux de plus de 300 personnes ?
Source : Resumen Latinoamericano / Traduction : bolivar infos et Venesol