Bolsonaro encourage un putsch par WhatsApp

Le président du Brésil, Jair Bolsonaro, soutient depuis les réseaux sociaux — avec le soutien de l’extrême droite — un appel à manifester le 15 mars pour exiger la fermeture du Congrès et de la Cour suprême. L’appel est lancé au milieu de mutineries au sein de la police, de la militarisation persistante des favelas et de l’augmentation des forces de parapolice. L’appel est rejeté de la part du PT, du PSDB, des centrales syndicales et des membres de la Cour elle-même. Il y a quelques jours, le général Walter Braga Netto a été nommé chef d’état-major. L’armée contrôle aujourd’hui neuf des 22 ministères.


Selon la presse brésilienne, le président a massivement diffusé une vidéo via son compte WhatsApp en soutien à une journée aux relents clairement putschistes, organisée par une douzaine de groupes d’extrême-droite brésiliens qui se tiendra le 15 mars prochain contre le Congrès et le Tribunal Suprême de Justice.

Cette information diffusée par la journaliste Vera Magalhães, du journal Estadão et à été reprise par différents médias.

pic.twitter.com/WW9J5Xs1ee

Dans cette vidéo, on entend et lit des affirmations comme « stop » et « il faut changer le Brésil » sans plus de détails. Mais, si on se rend sur les pages Twitter et Facebook de ces différentes organisations d’extrême droite (Movimiento Brasil Conservador et Movimiento Integralista), il est clair que l’objectif principal de l’événement du 15 mars soutenu par le président est la fermeture de Congrès National du Brésil et du Tribunal Suprême de Justice, organe majeur du pouvoir judiciaire.Le texte et la voix off de la vidéo, sur fond d’hymne national brésilien joué à la guitare électrique, nous dit que « lui (Bolsonaro) est appelé à lutter pour nous, il a pris des risques pour nous, il a défié les puissants pour nous, il a presque donné sa vie pour nous (on l’appelle presque « Jésus », tout en diffusant les images du coup de couteau qu’il a reçu durant sa campagne en 2018), il affronte la gauche sanguinaire et corrompue pour nous, subit les pires des calomnies et des mensonges pour avoir fait de son mieux pour nous, il est notre seul espoir de voir des jours meilleurs, et il a besoin de notre soutien dans les rues ce 15 mars. »

Cet appel a des relents clairement putschistes. La légende d’une des photos utilisées nous dit « les généraux sont aux ordres du peuple » avec les photos de quatre généraux brésiliens, certains retraités, faisant partie du gouvernement de Jair Bolsonaro, dont le vice-président Hamilton Mourão.
Une autre, en plus d’exiger que Bolsonaro ferme le Congrès et le TSJ, appelle à la mise en place d’un nouveau AI-5, invoquant l’Acte Institutionnel 5 de la dernière dictature militaire du brésil, en 1968, qui a fermé le Congrès et a mis sur pied les services de répression DOPS et DOI-CODI, les pendants brésiliens à ce que furent la DINA et le CNI au Chili.

Des hommes politiques de tous bords, tels que l’ex président de droite Fernando Henrique Cardoso ou Lula da Silva, ainsi que des membres de la Cour suprême fédérale, ont protesté avec force.

Cardoso a déclaré qu’il s’agissait d’une « crise institutionnelle aux conséquences très graves », tandis que Lula a appelé à la résistance.

Celso de Mello, le plus ancien membre de la Cour suprême, a déclaré que Bolsonaro n’est pas à la hauteur de sa fonction et a insinué que son attitude personnifie ce que la législation brésilienne qualifie de « crime de responsabilité » en attaquant les Pouvoirs législatif et judiciaire.

En cas de plainte officielle, Bolsonaro pourrait faire l’objet d’une procédure de destitution au Congrès.

La polémique avait en fait commencé le mardi 18 février, lorsque le général à la retraite Augusto Heleno, ministre en chef du cabinet de sécurité institutionnelle du président, a déclaré, mot pour mot : « Ne nous laissons pas faire par le Congrès. Je l’emmerde ».

C’était sa réaction au refus des membres du Congrès de retirer une mesure qui leur assurait une enveloppe de 30 milliards de reais (près de sept milliards de dollars) de manière obligatoire pour le gouvernement.

L’insurrection contre le Congrès et, au passage, contre le Tribunal suprême fédérale, s’est rapidement propagée à partir des propos du général Augusto Heleno. Mais ce à quoi personne ne s’attendait, c’est que le président de la République se joigne à la diffusion d’un appel concret au coup d’État, et surtout quelques jours après avoir, selon ses propres termes, « militarisé » le siège présidentiel, le Palacio do Planalto.

Sources : https://www.eldesconcierto.cl/

https://www.pagina12.com.ar/

Traduction : Venesol