Par rapport aux morts dues au paramilitarisme en Colombie, le nombre de décès dû au Covid-19 est faible.

Alors que son pays s’enfonce dans le coronavirus et les meurtres, Ivan Duque conspire contre le Venezuela
La Colombie est le sixième pays d’Amérique latine à compter le plus grand nombre de cas de coronavirus. À ce jour (6 avril), on dénombre 1 406 cas, 85 guérisons et 32 décès, pour une population de 49 millions 70 mille habitants, soit 29 cas par million, comme le décrit le site web coronavirus.app. Le nombre de personnes infectées par pays se distribue ainsi : Brésil, avec 10.475 malades, 127 guéris, 448 morts ; Chili, avec 4.471 malades, 632 guéris, 34 morts ; Equateur, avec 3.465 malades, 100 guéris, 172 morts ; Pérou, avec 1.745 malades, 914 guéris, 73 morts et Argentine 1451 malades, 279 guéris, 44 morts.
Par rapport aux morts dues au paramilitarisme en Colombie, ce nombre est faible. Selon le rapport publié par le Haut-Commissariat aux droits de l’homme, « Selon l’organisation, au moins 107 défenseurs des droits de l’homme ont été tués en 2019, et 10 à ce jour en 2020 ».
La statistique augmente en février pour atteindre le nombre de 64 défenseurs, anciens combattants de la guérilla, enfants, dirigeants politiques et sociaux tués. Bien que le processus de quarantaine ait commencé en Colombie, les assassinats continuent ; fin mars, une responsable sociale de la municipalité de San Pablo était victime d’un féminicide et deux dirigeantes indigènes de la Valle del Cauca.
Et en avril, selon le journal El Tiempo, 91 personnes avaient été exécutées. Beaucoup par les forces paramilitaires créées par l’ancien président Álvaro Uribe (désigné dans les rapports déclassifiés de l’Administration du contrôle des stupéfiants comme le trafiquant de drogue n° 82) pour affronter les guérillas des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) et de l’Armée de libération nationale (ELN), les fameuses Forces unies d’autodéfense de Colombie, devenues plus tard la branche armée du commerce de la drogue. Les victimes sont toutes semblables ; ce sont des personnalités publiques, opposées au gouvernement de l’actuel président Ivan Duque, démobilisées de la guérilla pendant le processus de paix, que le président a également démantelé après qu’elles aient fait d’importantes avancées au cours du mandat de Juan Manuel Santos.
Le site web indepaz.org recense une longue liste de personnes tuées en Colombie depuis le début de l’année, avec les noms et lieux, en bref, 72 dirigeants sociaux et défenseurs des droits de l’homme, 21 signataires de l’accord de paix, anciens guérilleros des FARC.
Ce n’est pas tout, dans le contexte des situations violentes et catastrophiques que connaît le pays, aujourd’hui 5 avril 2020, 11 travailleurs sont morts dans la mine de charbon « La Plata » à Cucunubá, Cundinamarca, suite à une explosion, quatre personnes sont en état d’intoxication et blessées. La mine appartient à l’homme d’affaires Inocencio Garnica. Ce fait démontre l’irresponsabilité et le peu de protection de l’État pour ses compatriotes, qui malgré la pandémie et la quarantaine qui sévit, n’exigent pas des entreprises privées qu’elles respectent ces instructions et protègent leurs employés.
Et, cerise sur le gâteau, cette semaine, quelques heures après l’annonce par Mike Pompeo, secrétaire d’État américain, des accusations contre le président Nicolas Maduro et d’autres membres de son cabinet, ils ont déployé des troupes militaires en Colombie, à la frontière avec le Venezuela, pour effectuer des « prétendus exercices militaires », au mépris de tout principe de paix et sans le moindre respect envers le peuple vénézuélien, qui a activé un plan d’action contre Covid-19.
Le 4 avril, le sénateur colombien Iván Cepeda a publié sur son compte Twitter une note envoyée au président Iván Duque, dans laquelle lui et un groupe de congressistes ont exprimé leur inquiétude par rapport aux déclarations du ministre de la Défense soutenant l’intervention américaine au Venezuela, en appelant à la Constitution de la Colombie, qui établit dans son article 237 alinéa 3 : « Les attributions du Conseil d’État sont les suivantes : 3. agir en tant qu’organe consultatif suprême du gouvernement en matière d’administration, devant nécessairement être entendu dans tous les cas que la Constitution et les lois déterminent. En cas de transit de troupes étrangères sur le territoire national, de stationnement ou de transit de navires ou d’aéronefs de guerre étrangers, dans les eaux ou sur le territoire ou l’espace aérien de la nation, le gouvernement doit entendre au préalable le Conseil d’État ».
Les déclarations de guerre de Duque et Trump sont basées sur un faux positif, sur des accusations de trafic de drogue contre le président Nicolas Maduro. La Colombie est le pays qui produit 70 % des drogues consommées dans le monde, selon les chiffres de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC, 2019), et son principal consommateur est précisément les États-Unis.
« Le rapport indique qu’entre 2013 et 2017, les cultures de coca en Colombie sont passées de 46 000 hectares à 171 000 hectares, ce qui représente une augmentation de 250 % ».
Les autorités vénézuéliennes ont dénoncé l’écran de fumée déclenché par l’administration Trump, suite à son incapacité à contrôler la pandémie sur son territoire. Cependant, face à la menace permanente d’invasion du territoire vénézuélien, le président Maduro a convoqué le Conseil d’État et, le samedi 4 avril, a ordonné à la Force armée nationale bolivarienne (FANB) de déployer l’artillerie dans des zones stratégiques, pour la défense de la patrie, et de renforcer au maximum les mesures de sécurité sanitaire contre le coronavirus, sans négliger le conflit éventuel qui pourrait être déclenché avec le pays voisin.
Nahir González
Analyste politique
Traduction : Venesol