L’Associated Press (AP) a publié un article signé par le journaliste Joshua Goodman qui contient des informations présentées comme « exclusives » sur l’avant-dernière tentative de coup d’Etat contre le Venezuela.

Dans le texte, Goodman raconte l’histoire d’un « ancien béret vert » qui aurait mené la tentative ratée de renversement du président Nicolas Maduro par une incursion de mercenaires depuis la Colombie en mars dernier.
L' »exclusivité » de l’AP fait en fait partie des allégations déjà largement diffusées par les autorités vénézuéliennes concernant l’échec des opérations visant à faire exploser un conflit armé au Venezuela sous l’exécution de Clíver Alcalá, un général vénézuélien à la retraite lié au trafic de drogue et fugitif de la justice vénézuélienne.
Réalité et événements
Comme nous l’avons écrit dans une note publiée antérieurement :
Le 25 mars dernier, le ministre de la Communication et de l'Information Jorge Rodriguez a alerté le public lors d'une conférence de presse sur "l'existence de trois camps d'entraînement dans la ville de Riohacha, en Colombie, où un nombre égal de groupes paramilitaires s'entraînent avec des armes et des explosifs pour réaliser des attentats et des actes terroristes au Venezuela, avec le soutien de mercenaires américains et l'appui du gouvernement de ce pays.
Le plan consistait à favoriser les assassinats sélectifs de hauts fonctionnaires vénézuéliens, y compris le placement et l'explosion de bombes dans des unités militaires vénézuéliennes et des centres de pouvoir politique, dans le but de généraliser une situation de chaos et de terreur en tirant parti de la situation de Covid-19.
Mais l'objectif central de l'opération était une nouvelle tentative d'assassinat de Maduro.
Ce mouvement a été freiné lorsque la police nationale colombienne a saisi, le 23 mars dernier, "26 fusils d'assaut AR-15 de calibre 5,56 et les accessoires pour ce type d'arme tels que huit silencieux, 36 plumes, 45 unités de visée et 30 viseurs laser. Trois gilets pare-balles, 37 viseurs de vision nocturne, quatre jumelles, deux radios de communication avec 43 piles et 15 casques, entre autres, ont également été trouvés", selon un rapport de W Radio de Colombia.
Après la saisie des armes, Alcalá a reconnu, par le biais de son compte Twitter, que les armes saisies par la police colombienne faisaient partie du plan et a supposé qu'elles seraient le début de la "libération du Venezuela". Il a ensuite avoué que les armes "faisaient partie d'un accord entre lui et Juan Guaidó avec des conseillers américains selon lequel elles devaient être utilisées dans une opération contre Nicolás Maduro.
Ce que l’agence AP tente de vendre comme une « révélation » avait déjà été publiquement dénoncé par les autorités vénézuéliennes dans divers forums.
En septembre 2019, la vice-présidente vénézuélienne Delcy Rodríguez l’avait ouvertement dénoncé aux Nations unies (ONU) lors de sa 74e Assemblée générale et l’ambassadeur vénézuélien Samuel Moncada avait fait de même devant le Conseil de sécurité de l’ONU.
Le 26 mars, la tête de Clíver Alcalá a été mise à prix parmi d’autres notamment le président du Venezuela et l’armée vénézuélienne sous les indications du ministère américain de la justice.
Clíver Alcalá a fait référence à la signature d’un « contrat » dans lequel les engagements expliquant la finalité des armes étaient clairement indiqués.
Le général à la retraite a déclaré que, sur la base de ce même « document signé », il ne comprenait pas que le gouvernement américain le signalait et indiquait que le ministère de la justice « n’était probablement pas au courant » de son existence.
Les « révélations » de l’AP
L’article de Joshua Goodman fournit une description détaillée mais clairement déformée des événements qui se sont déroulés dans les coulisses de l’opération ratée.
Ses sources, dit-il, sont 30 opérateurs contre le gouvernement vénézuélien, dont des transfuges militaires qui se trouvaient dans des camps d’entraînement en Colombie.
AP désigne Jordan Goudreau, citoyen américain et triple lauréat de l’étoile de bronze « pour sa bravoure en Irak et en Afghanistan », comme un opérateur mercenaire qui serait un organisateur ou un « conseiller » américain sur l’opération ratée.
Goudreau est le propriétaire de Silvercorp USA, une société de sécurité privée qui, selon AP, était chargée d’organiser, avec Clíver Alcalá comme chef de file sur le terrain, les opérations ratées qui impliquaient l’attaque de postes militaires vénézuéliens et le déclenchement d’une escalade, pour « faire tomber Caracas en 96 heures ».

Il commente également le rôle de Drew White, un ancien partenaire commercial de Silvercorp qui a informé l’agence des aventures de l’ancien Béret vert dans ses rapports avec un groupe de militaires vénézuéliens « affamés » et sans équipement militaire en Colombie.
Il présente également Keith Schiller, un ancien garde du corps du président Donald Trump, qui, avec Goudreau, contacte les gens de Juan Guaidó à Miami, établissant de là un lien qui mènera à Clíver Alcalá.
Selon la publication, Schiller est maintenant un entrepreneur de sécurité privée et, avec Goudreau, n’était qu’un autre enthousiaste du renversement de Maduro.
L’article de Goodman établit un récit détaillé de tous les événements liés à l’opération ratée, du début jusqu’à la fin, se terminant par la dissolution des camps en Colombie et toute possibilité de l’opération, lorsque Clíver Alcalá sera remis au gouvernement américain fin mars, pour avoir figuré sur la liste du ministère de la Justice.
Un faux récit
A travers la publication précitée, il est clair qu’une opération est en cours dans le cadre de la communication et de l’opinion publique.
L’article de Goodman se vante d’avoir établi une feuille de route des événements qui ont conduit l’ancien Béret vert à la frontière vénézuélienne, dans une sorte d’aventure, sans qu’il y ait un seul lien ou pratiquement aucune connaissance du gouvernement américain de ces opérations.
La publication de Goodman affirme sans ambiguïté
"L'AP n'a trouvé aucune indication que des fonctionnaires américains aient parrainé les actions de Goudreau ou que Trump ait autorisé des opérations secrètes contre Maduro, ce qui nécessite une notification au Congrès."
L’histoire montre un autre soldat américain nommé « Mattos », qui se serait trouvé dans les camps et aurait parlé de militaires décimés et désorganisés « sans le soutien des Etats-Unis ».
AP qualifie l’ensemble de l’initiative de « coup d’État privé », citant Roen Kraft, un organisateur américain et collecteur de fonds pour la cause des mercenaires, qui, avec Schiller (l’ancien garde du corps de Donald Trump), aurait été approché par des responsables de Juan Guaidó à Miami.
Kraft, qui serait une autre source d’AP, aurait attiré des donateurs potentiels avec la promesse d’un accès préférentiel pour négocier des accords dans les secteurs de l’énergie et des mines avec un éventuel gouvernement Guaidó.
Ils présentent également Hernán Alemán, membre du Congrès pour l’État de Zulia et ancien maire de Cabimas, qui s’est déclaré participant à l’opération.
Alemán a déclaré à AP que ni le gouvernement américain ni les Colombiens n’étaient impliqués dans le complot. « Beaucoup de gens le savaient, mais ils ne nous ont pas soutenus ( ?) Ils avaient trop peur », a-t-il dit.
Les services de renseignement et les autorités vénézuéliennes contredisent l’AP
La publication de l’AP valide le rôle des renseignements vénézuéliens dans le démantèlement opportun de l’attaque, en faisant référence à l’infiltration qui aurait eu lieu dans les opérations. Mais sa référence est délibérément incomplète.
AP n’accorde pas de crédit aux allégations qui proviennent du Venezuela au plus haut niveau. Le 26 mars, lorsque le démantèlement de ces opérations sur le sol colombien est devenu évident, le président Nicolás Maduro a lui-même fait des révélations sur le rôle direct du gouvernement américain dans les événements, selon les renseignements vénézuéliens.
Maduro a fait référence à l’existence d’un « contrat », le même que celui qui a été mentionné publiquement par Clíver Alcalá. Cependant, Maduro a donné plus de détails à ce sujet.
Dans ce document, les fonctionnaires colombiens, Juan Guaidó, le conseiller politique Juan José Rendón et les fonctionnaires américains se sont engagés à mener l’attaque et à cesser de poursuivre Alcalá si ses opérations sont couronnées de succès.
M. Maduro a déclaré qu’Alcalá avait été placé sur la liste du ministère américain de la justice le 26 mars avec lui et un groupe de militaires vénézuéliens en guise de punition pour son inaction.
« Nous l’avons fait échouer », a-t-il dit. Il a insisté sur l’existence du contrat et sur la façon dont Alcalá a essayé de l’utiliser pour se défendre publiquement des accusations du ministère américain de la justice.
Selon le président, la Drug Enforcement Administration (DEA) a fourni des fonds, des armes, du personnel d’entraînement et un soutien logistique aux opérations de mercenariat au Venezuela. Il s’agirait d’un fonctionnaire de la DEA, l’un des signataires du contrat avec Alcalá.
L’article de Joshua Goodman ne mentionne pas l’existence d’un tel contrat, étant un élément clé, publiquement approuvé par Alcalá et enquêté par les services secrets vénézuéliens, selon le président Maduro.
En omettant l’existence de ce document, il est clair que le compte rendu détaillé de l’AP tente d’ignorer l’existence de preuves solides de l’implication du gouvernement américain dans l’opération mercenaire.
La couverture médiatique d’une opération ratée
La publication de AP sera probablement le point de départ d’une opération de communication à grande échelle visant à dissocier le gouvernement américain et ses agences de la guerre des mercenaires qui a échoué.
L’administration Trump, plongée dans le chaos politique aux dépens de l’avancée du Covid-19 sur le sol américain et avec de sérieux problèmes pour la réélection du président, sauvegarderait sa participation à ces événements, en établissant un récit rigoureux mais faux où ses responsables sont introuvables.
En termes de communication, cela s’entend comme une forme de cover-up stories (histoire de couverture).
En d’autres termes, une histoire de camouflage pour empêcher le public de découvrir les détails du rôle du gouvernement américain et de la Colombie dans l’acte grave qui consiste à tenter de faire exploser une guerre externalisée au Venezuela. Un fait qui constitue un risque sérieux pour la sécurité et la stabilité régionales.
Il est bien connu que les opérations secrètes ou mercenaires ont fait partie de la panoplie servant à la déstabilisation, au renversement et à la guerre que les Américains ont exécuté depuis des décennies.
Silvercoup USA et Jordan Goudreau sont placés au centre de cette histoire comme s’il s’agissait d’un « Rambo » dans les Caraïbes, un loup solitaire grâce à une initiative entièrement privée, soi-disant épaulé par le complexe des services secrets américains et sans aucun soutien de sa part.
Un récit qui s’écroule sous son propre poids.
MV / traduit par Venesol
Dans la vidéo, le capitaine Nieto mentionne la date d’aujourd’hui, le 3 mai 2020.
Jordan Goudreau, qui s’exprime en anglais, dit qu’à 17 heures, une incursion maritime audacieuse a été lancée depuis la frontière colombienne au cœur de Caracas. « Nos hommes continuent à se battre en ce moment. Nos unités ont été activées dans le sud, l’ouest et l’est du Venezuela. Le commandant Nieto est avec moi, en position, et le commandant Sequea est sur le terrain d’opération, en train de combattre.
La vidéo ne permet pas de comprendre pourquoi Goudreau a mentionné 17 heures alors que l’opération, du moins à Macuto, s’est déroulée aux petites heures du matin.
Pour sa part, le capitaine Nieto rapporte que le nom de l’opération est Gédéon. « Nous tenons à préciser que cette opération est réelle. Qu’il y a des hommes et des femmes qui risquent leur vie en ce moment pour la liberté de notre pays et nos prisonniers politiques. »
Nieto supplie également aux forces armées de se joindre à cet « exploit libertaire, l’opération Gédéon, dont l’objectif premier est la capture des dirigeants du gouvernement.
Goudreau a été choisi pour s’entraîner avec les déserteurs militaires du général Clíver Alcalá Cordones en Colombie.
Un état major militaire en exil fût crée en octobre 2019 à Floris aux États-Unis, affirmant posséder une liste de militaires disposés à faire partie du prochain gouvernement de transition. A la tête de cette organisation terroriste se trouve l’ancien capitaine de la Garde nationale Vénéziuélienne, M. Javier Quintero, ansi que le lieutenant Lobzan Chacón, le chef d’état major Ezequiel Solis, le colonel Fidel Pastrán, le capitaine Julio Barazarte et sergent de commandement Jesús Palmar Fernandez.
Selon Nieto Quintero, dans leurs rangs ils comptes sur 2.780 militaires et policiers ainsi que 3320 sympathisants, cela ferait 6.000 hommes disposés à s’incorporer dans cette aventure militaire.
Infos tiré du site de l’opposition venezuela comenta