Les raffineries Citgo en vente forcée aux enchères

Citgo possède trois raffineries et un réseau de pipelines qui traversent 23 États des États-Unis.

Selon l’agence Associated Press (AP), le juge Leonard P. Stark du tribunal de district du Delaware a rendu une ordonnance autorisant la vente aux enchères des raffineries de Citgo, une filiale de PDVSA (société pétrolière de l’État Vénézuélien) aux États-Unis, afin que la société minière canadienne Crystallex puisse récupérer 1,4 milliard de dollars d’une sentence arbitrale prononcée pour la société en 2016 par le CIRDI (centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements).

Il y a quelques jours, la Cour suprême des États-Unis a refusé de se prononcer sur les recours dans cette affaire, ouvrant ainsi la porte à l’autorisation d’une vente forcée aux enchères des raffineries Citgo, le principal actif de la République bolivarienne du Venezuela à l’étranger, évalué à plus de 8 milliards de dollars.

L’année dernière déjà, la cour d’appel fédérale basée à Philadelphie avait autorisé Crystallex à aller de l’avant avec la reprise des actifs de Citgo, une décision qui avait été reportée par plusieurs appels et par l’embargo contre la filiale vénézuélienne.

Mais le rejet des appels par la Cour suprême a donné un nouvel élan à l’affaire et met sérieusement en danger le principal actif étranger du pays, puisque le juge Stark a déjà autorisé l’expropriation de la société vénézuélienne depuis 2018.

Comme le souligne AP, « la décision (judiciaire) porte un coup à l’opposition vénézuélienne dirigée par Juan Guaidó ».

Depuis son autoproclamation, Guaidó et l’Assemblée nationale ont assumé la « protection des avoirs vénézuéliens » à l’étranger comme un étendard politique central du nouveau gouvernement imaginaire.

Avec un récit à peine crédible sur la prétendue lutte contre la corruption de l’administration de Maduro, le pseudo président par interim, député du parti Volonté populaire, a illégalement pris la tête de Citgo et de sa défense juridique, s’appuyant sur la reconnaissance institutionnelle de l’Administration de Trump.

Guaidó a désigné l’avocat José Ignacio Hernández comme avocat de l’interim, qui serait chargé de la soi-disant protection de Citgo et responsable de la défense juridique de la société. Dès lors, tout allait mal tourner pour les intérêts nationaux du Venezuela.

le faux avocat José Ignacio Hernández

Hernández a travaillé pour le cabinet d’avocats Grau, García Hernández & Mónaco qui a eu Crystallex comme client dans le processus juridique contre la République bolivarienne du Venezuela en 2017. Hernandez a été engagé comme « témoin expert » pour défendre les intérêts de l’ancienne société minière canadienne contre les intérêts vénézuéliens.

Le pseudo avcat a joué un rôle clé dans le montage juridique qui a servi à habiller les revendications de Crystallex devant les tribunaux américains : il a présenté l’argument selon lequel le PDVSA était « un alter ego du gouvernement vénézuélien », afin que le montant attribué à Crystallex puisse être perçu avec la vente des actifs vénézuéliens aux EE.UU.

En d’autres termes, Hernández a contribué à l’opération judiciaire contre Citgo et a ensuite été récompensé par Guaidó avec sa nomination illégale pour « défendre les biens nationaux ». Il n’est pas besoin d’un dessin pour comprendre le tragique de la plaisanterie.

Le conflit d’intérêts évident entre Hernández et Crystallex a conduit à la vulnérabilité actuelle des avoirs de la République.

Au cours des derniers mois, le gouvernement fictif de Guaidó (qui utilise illégalement l’argent saisi au Venezuela par le département du Trésor américain) a déboursé plus de 20 millions de dollars pour Hernández afin de coordonner une action en justice « en faveur » des actifs vénézuéliens.

Au début de cette année, l’Assemblée nationale a créé un « fonds spécial pour les litiges » afin de couvrir les frais de justice.

Mais la décision du juge Leonard Stark sur Citgo montre clairement que les efforts juridiques du prétendu procureur n’ont été fructueux que pour Crystallex.

Le 5 août 2019, les États-Unis ont saisi la filiale Citgo par le décret 13844, l’empêchant d’être vendue et lui retirant officiellement son contrôle par le gouvernement légitime du Venezuela.

Bien que M. Guaidó et son entourage immédiat aient célébré ce changement, il transférait en fait tout le poids des décisions concernant Citgo à un organisme comme le département du Trésor américain qui gère le piratage des ressources et des biens vénézuéliens depuis le début du blocus économique du Venezuela en 2015.

La décision judiciaire de vendre Citgo aux enchères laisse le dernier mot au département du Trésor américain : en modifiant le décret 13844 ou en délivrant une licence spéciale, le Venezuela pourrait perdre ses principaux actifs à l’étranger dans une opération de vente aux enchères.

Quelle que soit la décision finale, l’ordonnance du juge Stark représente un revers politique pour Guaidó, pour l’administration Trump et pour le récit de la « sauvegarde » des actifs pétroliers du pays.

La dénationalisation par le pseudo président par interim et le conflit d’intérêts qui entoure la figure de José Ignacio Hernández, ont violé la défense juridique du pays et ouvert la voie à la liquidation des biens de la nation vénézuélienne à l’étranger.

La nouvelle constitue une douche froide pour le pays en pleine pandémie de Covid-19 et la pénurie d’essence, générée principalement par les sanctions américaines et les efforts de Guaidó, qui ont bloqué l’envoi de carburant et de pièces détachées pour les raffineries au Venezuela en utilisant la filiale Citgo, comme cela se faisait il y a quelques années encore.

Guaidó a livré le pays à des institutions qui se consacrent à la piraterie et au pillage. Que pourrait-il se passer de plus ?

Files d’attente pour l’essence au Venezuela.

MV / traduit par Venesol