Le système judiciaire électoral équatorien n’a pas accepté la candidature de Rafael Correa à la vice-présidence aux élections du 7 février. Selon les autorités du Conseil national électoral (CNE), l’ancien président devait se présenter en personne pour valider son inscription.

« Ils ne savent plus quoi inventer », a déclaré M. Correa.
Étant en Belgique, il l’a fait mardi dernier par l’intermédiaire de sa sœur et mandataire Pierina Correa. Il l’a également fait en direct, par streaming, pour bien montrer qu’il validait la procédure. Néanmoins, sur la liste des candidats inscrits diffusée par le CNE, seul son colistier, l’économiste Andrés Arauz, y figure. L’ancien président a dénoncé que la manœuvre était faite sur mesure pour le tenir à l’écart des élections. « Nous avons rempli toutes les exigences de vos règlements absurdes. Ils ne savent plus quoi inventer », a déclaré M. Correa.
Hors de l’élection
Le directeur du CNE, José Cabrera, a précisé que la démarche administrative devait être faite de manière personnelle. « Selon la réglementation en vigueur depuis 2012, la procédure ne peut être déléguée et est très personnelle », a déclaré le fonctionnaire. Il a ensuite présenté une liste de candidats enregistrés et la rubrique « vice-président » du parti de Correa n’est pas apparue. Pour l’ancien président, Cabrera a cité de manière déformée les règlements pour induire une erreur. « Un acte très personnel NE SIGNIFIE PAS une présence physique. En outre, même les procès se font par voie informatique », a déclaré l’ancien président sur Twitter.
Mardi, en compagnie du candidat à la présidence du front de l’Union pour l’espoir (UNES), sa sœur s’était rendue dans les bureaux du CNE pour apporter les documents nécessaires. On pouvait également voir Correa en streaming, expliquant ce qui se passait. « En plus de la présentation faite par ma représentante, j’envoie actuellement au CNE et aux organisations internationales via Internet et avec une signature électronique mon acceptation de la candidature à la vice-présidence », a déclaré l’ancien président.
Cependant, constatant l’absence du candidat, le fonctionnaire du corps électoral ne lui a pas remis les formulaires pour effectuer l’inscription. L’ancien président a dénoncé le fait que l’obligation d’assister personnellement au processus a été ajoutée à la dernière minute pour empêcher sa participation. « Ils ont mis en place cette procédure ‘d’acceptation très personnelle’ qui n’existe même pas dans la loi. Au contraire, l’enregistrement des candidats peut se faire via Internet, comme le prévoit la loi. On a également pu valider les primaires du parti via Internet. Qui comprend cette absurdité », a déclaré l’homme politique équatorien. L’affaire pourrait maintenant être portée devant le Tribunal électoral du contentieux.
« Pressions politiques »
Pour Alejandra Vivanco, avocate et ancienne contrôleuse adjointe de l’État, le changement de règlement du CNE a été effectué sous la pression politique. « Avant la publication de ce nouveau règlement, certains membres de l’organisme ont été dénoncés et on a demandé leur destitution. Ils attendent maintenant que le Contrôleur général de l’Etat (CGE) émette une résolution sur cette question. Parallèlement, trois de ses membres ont été appelés à témoigner devant le parquet. Dans ces circonstances, il est très difficile pour les membres du CNE d’agir de manière indépendante. Ils devraient dénoncer un ingérence dans le processus électoral », a déclaré l’ancienne contrôleuse adjointe. Elle a également souligné qu’avant ce changement, les inscriptions pouvaient être effectués personnellement par les représentants légaux de chaque parti. « Ce règlement est antidémocratique et anticonstitutionnel », a déclaré Alejandra Vivanco.
Correa est menacé de plusieurs poursuites judiciaires en Équateur avec des mandats d’arrêt. Si sa candidature est finalement validée, il bénéficierait de l’immunité et pourrait retourner dans le pays pour les élections. En juillet, la justice équatorienne a confirmé une peine de huit ans de prison contre l’ancien président pour corruption dans l’affaire connue sous le nom de « Sobornos (Pots-de-vin) 2012-2016 ». Il y est accusé, ainsi qu’une douzaine d’anciens fonctionnaires, d’avoir reçu des cadeaux d’hommes d’affaires en échange de travaux publics. L’entreprise brésilienne Odebrecht fait partie des entreprises citées. La Cour suprême nationale de justice décidera ce jeudi 3 septembre la confirmation ou non de la sentence. Comme le stipule la loi, Correa serait éliminé de la vie politique si le tribunal confirme la sentence prononcée contre lui.
En outre, l’ancien président doit faire face à un autre procès pour l’enlèvement du leader de l’opposition Fernando Balda en Colombie en 2012. Cependant, lundi, l’ancien agent de renseignement équatorien Raúl Chicaiza a avoué qu’il avait subi des pressions pour impliquer l’ex-président dans l’affaire. M. Chicaiza a déclaré que M. Balda avait rencontré à plusieurs reprises l’actuel président, Lenín Moreno, pour préparer la plainte…
Juan Manuel Boccacci
Source : https://www.pagina12.com.ar/ /Traduction: Venesol