L’universalité des droits de l’homme

Ces derniers jours, un nouveau rapport a été publié sur les violations des droits de l’homme au Venezuela, ce qui a déclenché dans notre pays une fièvre de deux poids deux mesures et d’opportunisme profondément choquante.

Cela s’est surtout manifesté dans certains secteurs de l’arche politique chilienne, vraiment clairvoyants, qui n’ont pas hésité une seconde à dégainer et à condamner les violations des droits de l’homme, d’ici au Venezuela, à des milliers de kilomètres de là-bas, mais qui n’ont pas pu jusqu’à présent condamner les violations systématiques et flagrantes des droits de l’homme, ici au Chili, et signalées par diverses organisations internationales.

La validité des droits de l’homme est de nature universelle et je condamne donc tout type de violation, quelle que soit son origine.

Et en cela, personne ne peut douter de la responsabilité des États et des gouvernements. Mais cette question complexe doit être, de la même manière, loin de toute tentative d’utiliser politiquement la douleur des victimes par ceux qui sont capables de voir la paille dans l’œil de quelqu’un d’autre sans pouvoir voir la poutre dans le leur.

Tout au long de l’histoire du Chili, le secteur politique auquel j’appartiens a été victime d’extermination physique et politique par des gouvernements de signes différents et pour la même raison, j’ai toujours valorisé et promu le respect sans restriction des droits de l’homme et du droit international comme pilier fondamental de toute action politique.

Dans ce contexte, il convient de noter que le gouvernement vénézuélien lui-même, à la différence d’autres gouvernements de la région, a reconnu les violations des droits de l’homme commises sur son territoire et a donc accepté l’installation d’une mission permanente du Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme dans ce pays, qui a récemment renouvelé son mandat et son travail conjoint avec le gouvernement pour accompagner le processus de sortie de la grave crise que connaît le pays des Caraïbes depuis des années.

Il convient également de noter que jusqu’à aujourd’hui, le système judiciaire vénézuélien a privé de liberté et condamné plusieurs centaines d’agents de l’État pour des violations des droits de l’homme, y compris de nombreux cas de torture, d’exécutions extra.

Toutefois, la condamnation claire et précise des violations des droits de l’homme au Venezuela ne doit pas être confondue avec la complicité dont certains ont fait preuve avec l’intervention étrangère qui a été menée pendant des décennies dans ce pays.

Elle ne doit pas non plus être confondue avec l’acceptation complice du blocus illégal et du vol de la population par des pays qui, complètement écartés du multilatéralisme et du droit international, ont cherché et continuent de chercher à générer une crise humanitaire sans précédent.

Avec la même force, je condamne les violations des droits de l’homme qui ont lieu depuis des décennies en Colombie, en Palestine, au Sahara et, ces derniers mois, en Bolivie depuis le coup d’État contre le gouvernement légitime d’Evo Morales, des lieux qui semblent invisibles pour beaucoup de ceux qui nous le signalent aujourd’hui.

Je salue donc le travail effectué par le Haut Commissaire aux droits de l’homme, car il stipule la bonne voie, représentée par le dialogue entre le gouvernement et l’opposition démocratique, par l’appel à des élections législatives du 6 décembre et la grâce de plus de cent prisonniers qui étaient en prison, dans l’espoir que, tôt ou tard, l’intervention étrangère et les sanctions illégales prendront fin et que les Vénézuéliens pourront résoudre leurs problèmes par des moyens pacifiques et à l’écart de toute confrontation.

De la même manière, j’appelle tous les acteurs politiques chiliens à concentrer leurs efforts sur la résolution des violations des droits de l’homme qui se produisent au Chili, à lutter pour la vérité, la justice, la réparation et la mémoire de toutes les victimes des crimes commis sous la dictature et également sous le gouvernement actuel.

Avons-nous oublié les passages à tabac, les mutilations et les décès aux mains des agents de l’État depuis le 18 octobre 2019 ?

Quel est notre véritable engagement en faveur des droits de l’homme, si dans notre pays il n’y a pas de garanties de mobilisation pour un Chili meilleur ?

Nous avons un défi à relever en tant que pays, et un défi qui est beaucoup plus urgent et nécessaire que d’essayer de nous installer comme juges dans d’autres pays ayant autant ou plus de problèmes que nous.

Ce gouvernement a déjà commis cette erreur au début de cette période et nous savons ce qu’elle a entraîné. Il n’est pas raisonnable que les autorités chiliennes soient aussi exécutives pour voir les problèmes sous d’autres latitudes, alors qu’elles cessent de s’occuper des besoins fondamentaux, des douleurs et des angoisses de notre peuple qui est vraiment la première chose qui devrait nous unir.

Par Daniel Jadue

Cooperativa / Traduit par Venesol