Les documents auxquels le Réseau de Communication Populaire (REDCOM) a eu accès révèlent une liste de noms de militaires boliviens en service actif et à la retraite proches du gouvernement putschiste de Jeanine Añez, qui seraient à l’origine de l’organisation de situations d’extrême violence pour empêcher la tenue des prochaines élections en Bolivie.

Ces scénarios de violence seront enregistrés avant, pendant et après les élections. L’objectif principal sera d’empêcher à tout prix le retour des forces populaires au gouvernement. L’axe central de ces scénarios est la fabrication de « faux positifs » sur laquelle les ministres du gouvernement et de la défense travaillent depuis de nombreux mois. L’objectif ultime, si le MAS remporte les élections, étant un nouveau coup d’État en Bolivie.
Sous la rubrique « informations complémentaires », les documents reçus de Bolivie, détaillent l’identité de onze militaires en service passif qui se sont engagés dans des actions de répression contre les mouvements sociaux et le MAS. Ces militaires complotistes ont pour centre d’opérations l’Agence nationale des hydrocarbures (ANH), et sont :
1. le colonel Ramiro Eduardo Calderón De La Riva Lazcano (RA)
2. Colonel Edwin Ivan Suaznabar Ledesma (RA)
3. Colonel Saúl Torrico Peredo (RA)
4. Colonel Luis Sagredo Torrico (RA)
5. Colonel Grober Quiroga Gutierrez (RA)
La liste se poursuit avec d’autres militaires dont les grades n’ont pas pu être identifiés :
– Marcelo Gandarillas
– Ariel Alcides Canaza Gómez
– Roger Hurtado Lazo
– Osar Guillen
– Alvaro Rueda Peredo
– David Paukara Poma
Les sources consultées par REDCOM après réception des documents, soulignent que les militaires « d’orientation nationaliste de droite et d’extrême-droite » travaillent d’arrache-pied, depuis un mois, pour rassembler des informations précieuses pour leur action. Il s’agit notamment d’informations sensibles sur les hôtels où seront logés les observateurs électoraux internationaux, y compris des détails sur la manière d’y accéder, afin qu’ils puissent placer des bombes et « laisser des traces qui incriminent le MAS » si le feu vert leur est donné.
À côté des militaires le pilier médiatique tient un rôle essentiel en construisant une réalité fictive et en manipulent l’opinion. Depuis juillet dernier et surtout depuis le mois d’août — alors qu’un blocage des routes qui appelait à des élections générales le 3 septembre, comme le prévoit la loi approuvée par le PLA, a finalement dû renoncer à ses positions et accepter des élections pour le 18 octobre — le gouvernement, par l’intermédiaire des ministères de la Défense et de l’Intérieur, a lancé une campagne médiatique afin d’instiller dans la population des slogans sans fondement : « Le MAS active des groupes irréguliers pour générer de la violence et affecter la démocratie » ; « Le MAS se prépare à activer la violence le 18 octobre, une fois connus les résultats qui leur seront défavorables lors des élections générales ».
En plus de l’armée et des médias, le gouvernement de facto peut compter sur les ministres de l’Intérieur, Arturo Murillo, et de la défense, Luis Fernando López, qui ont semé les conditions pour créer des « faux positifs ». Ainsi, ils ont attribué au MAS le bombardement d’antennes de télécommunications à El Chapare et Santa Cruz (juin à juillet), la saisie de plus de 126.000 munitions de calibre 22 à Cochabamba accusant le MAS de préparer des actions de guérilla (août) ou que les dirigeants du MAS sont responsables de certains incendies dans l’Amazonie de Chiquitanía (septembre).
Activités de reconnaissance
Le document de REDCOM signale deux déplacements étranges et inhabituels ont été enregistrés ces dernières semaines de la part des militaires actifs et passifs des forces armées. Tout d’abord, une réunion exploratoire au Chapare. Les jeudi et vendredi 24 et 25 septembre, des réunions confidentielles ont eu lieu entre le ministre de la Défense, Fernando López, le commandant en chef des forces armées, Sergio Orellana, le commandant de l’armée, Rubén Salvatierra, et le commandant de la division du Chapare, le colonel Javier Espinoza Daza. La réunion du 24 septembre au matin, qui s’est déroulée de 9 heures à 13 heures, a réuni toutes les personnes mentionnées ci-dessus, sauf le commandant de l’armée, qui a été convoqué pour l’après-midi. Lors de la réunion de l’après-midi du 24 et du vendredi 25, tout le monde était présent selon le document entre les mains de REDCOM.
L’objectif de ces réunions a été d’analyser les informations déjà collectées sur le terrain par les services de renseignement militaire et qui ont été approfondies dans la région du Chapare, depuis plus de deux semaines, selon les sources militaires consultées.
De ces rencontres, certaines données obtenues par nos sources sont frappantes. Nous faisons référence à la fouille de deux stations de radio, Kausachum Coca et Soberanía, dans les locaux desquelles des armes et des explosifs auraient été cachés ; à la présence d’une cinquantaine de forces d’opérations spéciales (F-10) ; à la présence des forces spéciales de Challapata, du département d’Oruro, qui sont arrivées il y a deux semaines. Ces forces sont sous les ordres du commandant Santiesteban, fils du général Santiesteban, qui a participé aux actions du gouvernement d’Evo Morales en 2008-2009. Enfin, et ce n’est pas le moindre fait, le déploiement de militaires à la retraite et la coordination avec les groupes paramilitaires. Ces militaires à la retraite sont organisés autour de la Coordination militaire nationale (CNM) — de tendance nationaliste de droite et d’extrême-droite —, en relation directe avec le ministre de la Défense et, bien que cela puisse paraître étrange, également avec l’ancien leader politique Luis Fernando.
Le document donne également des détails sur la direction militaire du CNM, qui « travaille depuis un mois » sur trois objectifs opérationnels fondamentaux : l’obtention d’informations sur les hôtels où les observateurs internationaux seront logés pour les élections générales ; la collecte d’informations sur ces hôtels et leur contexte extérieur, c’est-à-dire les voies d’accès, etc. et dans la pose d’engins explosifs dans les hôtels, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de ceux-ci.
Rôles des militaires
Le document énumère non seulement les militaires impliqués dans le complot contre les institutions en Bolivie, mais il souligne également les rôles que certains d’entre eux joueront. Le colonel (SP) Oscar Pacello Aguirre, sera chargé de concevoir le plan et de trouver l’endroit exact où auront lieu les explosions, en laissant des traces qui incriminent le MAS. Cette action vise à incriminer la MAS et à provoquer une réaction de la société en raison des conséquences pour des civils, si possible des enfants.
Le colonel (SP) Julio Cesar Maldonado Leoni, sera chargé de lancer les nouvelles des attentats meurtriers (ils n’ont pas dit lesquelles) à partir de 3 pays différents comme s’il s’agissait d’un fait enquêté. Le général (SP) Marco Antonio Bracamonte est chargé de mobiliser les membres des églises chrétiennes qui demandent la paix.
« Chiqui » et « Toboaldo Cardozo » (SP) sont chargés d’établir des liens avec les groupes paramilitaires de Santa Cruz (Unión Juvenil Cruceñista), Cochabamba (Juventud Kochala) et La Paz (La Resistencia).
Le général de division Iván Hilarión Alcalá Crespo, directeur de l’ANH et homme étroitement lié à l’ambassade américaine, est responsable de la fourniture de véhicules et de carburant aux militaires à la retraite.
D’après ce que l’on sait, il y aurait quatre objectifs centraux des actions terroristes : boycotter la tenue des élections et créer une demande massive de suspension ou d’annulation des élections. Deuxièmement, déclencher la condamnation sociale et médiatique des dommages collatéraux que l’explosion causerait aux civils. D’autre part, faire pression pour que des élections soient convoquées dans un an, en arguant du fait qu’il n’y a aucune garantie dans le pays en raison de la violence organisée par le MAS. Quatrièmement, demander que le gouvernement soit remis aux militaires. Il est question que le colonel à la retraite Mario Alberto Almeida Salas, qui fournit également les ressources économiques, prenne la relève. Enfin, la fermeture de l’Assemblée législative nationale et l’annonce de la Refondation de la République.

Evo Morales met en garde contre d’éventuelles attaques
Face à ce contexte de déstabilisation et de complot, l’ancien président de la Bolivie, Evo Morales, se faisant l’écho des rapports des médias alternatifs, a mis en garde contre ces possibles violences pour empêcher les prochaines élections dans le pays et appelle d’urgence la communauté internationale à surveiller la situation.
« Les informations sur l’organisation de violences pour empêcher la tenue des élections en Bolivie sont très préoccupantes. Nous demandons à la communauté internationale de surveiller la situation et au peuple à ne pas répondre aux provocations », a écrit Evo ce samedi sur son compte Twitter.
Ses déclarations font principalement référence à deux publications, l’une du journal britannique The Morning Star, qui avait rapporté vendredi que des groupes violents liés aux paramilitaires d’extrême droite en Bolivie préparaient des attaques terroristes à attribuer au Mouvement vers le Socialisme (MAS), afin d’empêcher sa victoire électorale. Le second, publié par le média alternatif REDCOM, qui a diffusé le rapport exclusif reçu de Bolivie, réalisé par des groupes de renseignements de l’État, dirigés par des civils et des militaires restés fidèles à la Constitution et à la démocratie.