Arrivée des anciens combattants des Farc à Bogota

Dans le cadre de la « Marche pour la vie et la paix », un premier groupe d’ex-combattants des Farc, venus de l’est et du sud-est du pays, est arrivé ce dimanche à Bogota. Ils resteront dans la capitale jusqu’au 5 novembre et l’on s’attend à ce que, durant ces jours, environ 2 500 d’entre eux soient réunis et fassent appel au gouvernement pour leur sécurité et pour la mise en œuvre de l’Accord de Paix.

Place Bolivar. Lors de leur visite dans le département du Meta, les ex-Farc ont accompli des actes symboliques comme la demande de pardon collectif pour les victimes des « pescas milagrosas » (pêches miraculeuses[1]). / José Vargas

Ce dimanche premier novembre, une délégation de plus de 200 anciens combattants des FARC, conduite par d’anciens commandants tels que Pastor Alape, Rodrigo Granda et Elmer Caviedes, est arrivée sur la Plaza de Bolívar, dans la capitale colombienne, pour remplir l’un des objectifs de la « marche pour la vie et la paix » : demander au gouvernement des garanties de sécurité suite aux 236 assassinats de signataires de l’accord de paix.

Ce lundi après-midi, elle a tenu les premières réunions publiques, pour mobiliser les gens et ensuite défiler dans les rues de la capitale.

Un de ces lieux de rassemblement était le Parc National, près de l’université Javeriana, où les anciens guérilleros ont déployé leurs banderoles, chanté pour défendre leurs causes et leurs revendications, et se sont adressés aux médias.

Là, Pastor Alape, ancien commandant du bloc Magdalena Medio des FARC et maintenant délégué du parti au Conseil national de réincorporation, a déclaré à El Espectador que « nous ne retournerons pas à la guerre. Nous sommes venus à Bogota, le centre de décision politique, pour ratifier notre engagement en faveur de la paix. Nous voulons que cette marche soit l’occasion de parler au président ; non pas pour renégocier l’accord, mais pour discuter de la manière de le mettre pleinement en œuvre afin de défendre la vie ».

À son tour, la sénatrice du parti des FARC, Victoria Sandino, a déclaré que les femmes ex-combattantes ont des revendications spécifiques à faire au gouvernement national, également en ce qui concerne les garanties pour la sécurité de leur vie. Sandino a déclaré que « beaucoup de camarades ont été menacées, non seulement elles-mêmes mais aussi leurs familles. Nous désirons la paix, mais nous avons besoin de garanties de protection pour poursuivre ces efforts sereinement ».

La congressiste a ajouté que dans la capitale, les réincorporé.e.s veulent avoir un programme dont l’axe central est « que le gouvernement réponde à notre requête et que nous puissions exiger le respect de l’Accord de Paix ».

Au cours de l’après-midi, différents groupes d’ex-Farc ont commencé à se rassembler sur la place Bolivar. La plupart d’entre eux venaient de l’est du pays, mais il y avait aussi des « réincorporés » installés à Bogota ou dans les municipalités de Cundinamarca et Boyacá et même de régions du nord ou du nord-ouest de la Colombie.

Les anciens combattants des FARC demandent au gouvernement des garanties de sécurité, compte tenu des meurtres de 236 « réincorporés » après la signature de l’Accord de Paix.

L’un d’entre eux, Ánderson Carranza, dirigeant de l’ETCR La Plancha à Anorí (Antioquia), a déclaré que « l’État doit s’engager à prendre soin de la vie des signataires de la paix et à ouvrir des espaces pour rechercher le dialogue avec d’autres groupes armés, car tant qu’ils resteront actifs, il n’y aura pas de paix ».

Carranza souligne également que la situation de la sécurité dans les zones rurales du département d’Antioquia est délicate, car différentes associations paysannes tout comme les réincorporées ne bénéficient pas d’une couverture complète des garanties de la part des autorités des différentes entités territoriales.

Ce point de vue est partagé par Gloria Martínez, une ancienne guérillera du nord-est du pays, qui a déclaré que la protection de la vie des personnes engagées pour la paix ne devrait pas se limiter aux signataires. « Les étudiants, les paysans et d’autres citoyens ordinaires, toujours fidèles à cette cause devraient être protégés de la même manière », a-t-elle ajouté.

Les ex-combattants seront dans la capitale du pays
jusqu’à jeudi prochain, le 5 novembre / José Vargas

Au cours de leur passage à Bogota, les anciens combattants de différentes régions du pays ont participé à des journées de pardon et de réconciliation, pour consolider une image et installer un état d’esprit afin d’établir un dialogue avec le gouvernement.

L’un de ces moments a eu lieu le vendredi 30 octobre dernier, lorsque plus de 300 réincorporés sont arrivés à Puerto Triunfo (Antioquia) pour rencontrer l’ancien chef paramilitaire Ramón Isaza, avec qui ils se sont serré la main et ont laissé derrière eux les rancœurs de la guerre.

Le 29 octobre, un groupe d’anciens membres des Farc sous le commandement de Pastor Alape et de Rodrigo Granda a promis au peuple colombien de ne plus commettre de crimes, lors d’un événement de pardon pour les victimes des « pêches miraculeuses » à Pipiral (Meta).

Le premier groupe de signataires réincorporés est arrivé à Bogota en provenance des départements du Meta, du Guaviare et du Caquetá. / José Vargas

Jusqu’au 5 novembre, date à laquelle ils quitteront la capitale, les réincorporés passeront les nuits au siège de La Macarena de l’Universidad Distrital Francisco José de Caldas, d’où ils géreront leur agenda et seront dans l’attente d’un appel du gouvernement à engager un dialogue direct.

Rodrigo Granda, un des anciens commandants des Farc qui a mené l’acte de pardon à Pipiral (Meta) pour les cas des « pêches miraculeuses ». / José Vargas

Source : https://www.elespectador.com/

Traduction : Venesol


[1] Les «  pêches miraculeuses », qui se sont produites à plusieurs reprises entre Villavicencio (Meta) et Bogota, consistaient en l’installation de postes de contrôle illégaux de la guérilla pour enlever et emmener dans la jungle des personnes qui pourraient avoir assez d’argent pour payer la rançon ou des politiciens régionaux qui étaient également des cibles de la guerilla afin de faire pression en faveur d’une solution négociée au conflit.