Nouvelles protestations au Guatemala contre la politique de Giammattei. Le budget pour 2021 approuvé par le Congrès ne prévoit pas de ressources suffisantes pour lutter contre la pauvreté et la malnutrition des enfants, ni d’augmentation des dépenses dans les secteurs de la santé et de l’éducation.

Le Guatemala est le théâtre de nouvelles mobilisations pour exiger la démission du président Alejandro Giammattei, accusé de ne pas consacrer suffisamment de ressources à la lutte contre la pauvreté et la malnutrition infantile. En outre, le budget 2021 approuvé par le Congrès ne prévoit pas d’augmentation dans les domaines de la santé et de l’éducation. L’université de San Carlos, la seule université publique du pays, a appelé à une grève nationale lundi. Samedi, au milieu des marches pacifiques massives, des dizaines de Guatémaltèques ont incendié le bâtiment du Congrès.
Lors des événements de samedi, la police a arrêté 40 personnes, dont deux mineurs, et près de 50 ont été hospitalisées. Au moins deux manifestants ont été blessés aux yeux. La manifestation a été réprimé avec des tirs de gaz lacrymogènes même sur les manifestants pacifiques qui se trouvaient sur la place, où des dizaines d’enfants étaient présents. La Commission interaméricaine des droits de l’homme (CIDH) a condamné le « recours excessif à la force ». Ces protestations surviennent après que le vice-président Guillermo Castillo a proposé vendredi au président que tous deux démissionnent de leur poste « pour le bien du pays ». Tout en condamnant les violences de samedi, il a, ce dimanche, de nouveau demandé à Giammattei d’opposer son veto aux budgets 2021 qui présentent des « anomalies ».

Portant des drapeaux bleus et blancs et des banderoles sur lesquelles on peut lire « Assez de corruption », « Dehors Giammattei », les manifestants occupent la place centrale devant l’ancien palais du gouvernement depuis samedi. Dimanche, cependant, le calme semblait revenir dans la capitale guatémaltèque. À l’extérieur du Congrès, un contingent de la police nationale civile, manifestement absent dans la nuit de samedi à dimanche, gardait le bâtiment. Les meubles et autres objets détruits ou brûlés au cours de la journée chaotique précédente restaient empilés dans la rue.
Le matin, quelques personnes déambulaient devant le Congrès, s’arrêtant pour observer la façade du bâtiment et les graffitis. Sur les réseaux sociaux, des appels ont été lancés pour occuper à nouveau la place de la Constitution dimanche et manifester pacifiquement leur rejet du budget 2021.
Le vice-président Guillermo Castillo, qui s’était auparavant distancié de son président en exigeant sa démission, a demandé dimanche au ministère public d’enquêter sur l’incendie des bureaux du Congrès mais aussi sur la répression policière. « Les actes de vandalisme sont évidents, tout comme l’utilisation excessive de la force de police », a-t-il déclaré. Pendant ce temps, le président guatémaltèque a gardé un silence éloquent.
Condamnation par les organisations internationales
La CIDH a pris en considération ce qui s’est passé samedi et a dénoncé l’usage excessif de la force par la police. « Les agents de l’État ont réprimé la manifestation sans discernement », a déclaré l’organisation panaméricaine sur son compte Twitter. « Selon les normes interaméricaines en matière de manifestation et de droits humains, les États doivent respecter les manifestations pacifiques. Face aux actes de violence, ils doivent identifier les personnes qui portent atteinte aux droits ou qui s’attaquent aux biens de l’État », a ajouté la CIDH.
Le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits humains (HCDH) s’est joint aux critiques et a recommandé à l’État d’enquêter sur les événements. Il a également recommandé le respect d’une procédure régulière pour les personnes détenues « avec une attention particulière pour deux adolescents » qui ont été arrêtés par les forces de sécurité.
Les priorités du budget 2021
La semaine dernière, le Congrès, principalement composé du parti au pouvoir et des partis apparentés, a approuvé un budget pour 2021 de près de 12,8 milliards de dollars, soit 25 % de plus que celui de cette année. La plupart des fonds sont destinés aux infrastructures du secteur privé et ne permettent pas l’augmentation des dépenses de santé ou d’éducation.
Le budget ne propose pas non plus d’augmenter les crédits destinés à la lutte contre la pauvreté, dans un pays où 59,3 % de la population vit en dessous du seuil de pauvreté et où la malnutrition infantile touche près de 50 % des enfants de moins de cinq ans.
En outre, plusieurs groupes économiques et analystes avertissent qu’il est risqué de financer un tiers du budget par la dette. Le Congrès avait approuvé des emprunts de plus de 3,8 milliards de dollars pour faire face à la pandémie, mais seulement 15 % de ces ressources ont atteint les Guatémaltèques.
Concernant le nouveau budget, le président Giammattei a expliqué vendredi : « Nous prévoyons de réduire les dépenses de fonctionnement en concentrant ces ressources sur les priorités du pays. En plus de chercher à réduire le déficit fiscal afin d’alléger la dette ».
La gestion de la crise sanitaire par Giammattei, un médecin de 64 ans, a également été sévèrement critiquée par son vice-président, par l’opposition et les secteurs sociaux qui dénoncent les déficiences des hôpitaux et les lacunes dans l’assistance aux groupes touchés par les confinements. Selon les données officielles, le covid-19 a jusqu’à présent infecté 118 629 personnes et fait plus de 4 000 morts dans ce pays de 17 millions d’habitants.
Source : Pagina12
Traduction : Venesol