Circulez, y a rien à voir

L’Union européenne (UE) ne voit pas de violation « systématique » des droits humains en Colombie qui justifierait d’appliquer la clause relative au respect des libertés fondamentales contenue dans son Accord de Libre-Échange (ALE), ce qui pourrait conduire à sa suspension.

« Bien que les violations des droits humains soient inacceptables, il ne s’agit pas d’une violation systématique des droits qui nous permettrait d’envisager la suspension de l’accord », a déclaré Véronique Lorenzo, cheffe de la division Amérique du Sud du Service européen d’action extérieure (SEAE), lors d’un débat au Parlement européen.

La sous-commission des droits de l’homme et les délégations pour EuroLat et la Communauté andine ont tenu une session conjointe pour analyser la situation en Colombie, où, selon des sources officielles, au moins 48 personnes sont mortes en relation avec les manifestations qui ont débuté le 28 avril contre la réforme fiscale (aujourd’hui retirée) proposée par le gouvernement.

La représentante du SEAE a demandé de « ne pas stigmatiser » la majorité des personnes qui manifestent pacifiquement et, à son tour, a exhorté les autorités à « enquêter sur toutes les violations des droits humains et à les traduire en justice », car la Colombie « a des institutions qui fonctionnent ».

Elle a rappelé qu’il existe dans l’accord de libre-échange UE-Colombie une disposition relative aux droits humains qui permet de le suspendre, mais a précisé que cela ne se produirait « qu’en dernier recours, lorsque toutes les autres possibilités auront été tentées et épuisées ». « Et nous pensons que ce n’est pas encore le cas », a-t-elle souligné, tout en notant que cette clause offre également la possibilité « d’ouvrir la voie au dialogue politique et de créer des incitations pour améliorer le respect et la protection des droits humains. »

Lorenzo a souligné que le représentant spécial de l’UE pour les droits de l’homme, Eamon Gilmore, se rend en Colombie pour « mieux comprendre la situation » sur le terrain.

La vice-ministre colombienne des affaires multilatérales, Adriana Mejía, a également participé à la session par vidéoconférence depuis Bogota. Elle a déploré que les violentes manifestations aient entraîné des blocages qui ont affecté « la santé publique, l’approvisionnement alimentaire, le droit au travail et, surtout, le droit à la vie », en pleine pandémie de coronavirus.

Elle a également parlé d’ « attaques systématiques contre les capacités de la police » et a rappelé que le pays garantit le droit de manifester pacifiquement, l’intervention des forces de sécurité étant réduite à « une manifestation sur dix entachée d’actes de violence et d’agression. »

Par ailleurs, le directeur pour les Amériques de Human Rights Watch, José Miguel Vivanco, est également intervenu pour présenter les données du dernier rapport de son ONG sur la Colombie, publié la semaine dernière, qui dénombre pour sa part 34 morts dans les manifestations, dont au moins 20 seraient dues à des brutalités policières.

« Il ne s’agit pas d’incidents isolés, mais du résultat de défaillances structurelles profondes. » Rappelant que « La Colombie est le seul pays d’Amérique latine où la police dépend du ministère de la défense ».

Source : Cablenoticias     Traduction : Venesol