Le Brésil contre Bolsonaro

De nouvelles manifestations contre Bolsonaro, dans plusieurs centaines de milliers de villes, rassemblant des millions de personnes, confirment que le Brésil est uni contre Bolsonaro. L’isolement du gouvernement s’accroît, Bolsonaro a de moins en moins de partisans.

#3JForaBolsonaro a rassemblé environ 800 000 personnes.
photo : Bianca Liege

Bolsonaro conserve le soutien de certains secteurs : des militaires, qui tiennent ce discours absurde qu’il y aurait un complot pour amener Lula à la présidence et que leur rôle serait de l’empêcher ; des grandes entreprises, tant les exportateurs de soja que les banquiers privés et les grands négociants, auxquels il propose le démantèlement de l’État et la privatisation des biens publics ; ceux qui s’enrichissent grâce à l’exportation de matières premières, au marché du luxe et aux privatisations ; la police, sur laquelle il compte comme force répressive et qui pourrait participer à quelque aventure de coup d’État qui, comme l’armée, bénéficie d’un grand nombre de privilèges ; et des secteurs minoritaires des églises évangéliques.

Mais, d’un autre côté, la grande majorité de la population est contre lui. Ceux qui vivent de leur travail, ont perdu leur emploi, travaillent sans permis, dans une précarité totale, sans savoir s’ils auront un revenu le mois suivant, pour manger, pour payer le loyer, pour acheter des médicaments, pour payer les transports. La grande majorité des Brésiliens, qui rejettent massivement Bolsonaro, sont des victimes des politiques néolibérales de Paulo Guedes (ministre de l’économie de Bolsonaro).

Les jeunes, qui voient leur avenir bloqué par une politique qui s’attaque aux universités, aux écoles publiques, qui réduit les ressources, qui s’attaque aux enseignants, qui réduit drastiquement le nombre d’étudiants inscrits dans les écoles publiques et dans les programmes de démocratisation de l’enseignement, ont le sentiment que c’est un gouvernement qui agit contre la science, contre le savoir.

Les femmes sont celles qui rejettent le plus Bolsonaro, lui qui les attaque systématiquement, et va à l’encontre des droits qu’elles ont conquis. Les femmes, qui se rendent compte que le style, le discours et le comportement de Bolsonaro sont profondément machistes.

Les Noirs sont discriminés et violemment réprimés par le gouvernement de Bolsonaro, ils se rendent compte des énormes reculs de leurs droits sous ce gouvernement. Les personnalités, les symboles des mouvements noirs sont avilis et discriminés même par ceux qui devraient s’occuper d’eux au sein du gouvernement.

Ensemble, les travailleurs, les femmes, les jeunes, les Noirs, constituent l’écrasante majorité de la population, qui rejette massivement Bolsonaro.

De plus, les enseignants, les étudiants, tous ceux qui accordent de l’importance à l’éducation, sont détestés et détestent Bolsonaro. Tous ceux qui valorisent les services publics rejettent brutalement Bolsonaro, qui ne fait que confisquer des ressources et attaquer les services publics.

Tous ceux qui valorisent la souveraineté du Brésil, ceux qui valorisent la bonne image du Brésil dans le monde, les bonnes relations avec les pays voisins, ceux qui savent combien la solidarité avec les plus démunis est fondamentale, tous ceux qui rejettent la grossièreté, l’agressivité, le manque de respect pour les autres, surtout pour ceux qui pensent différemment, ce qui est une condition fondamentale de la démocratie : tous s’opposent à Bolsonaro. Ils savent qu’il n’aurait jamais pu être élu président du Brésil s’il n’y avait pas eu le coup d’État qui a renversé illégalement Dilma, et a empêché illégalement Lula d’être candidat à l’élection.

La grande majorité des Brésiliens sont désormais contre Bolsonaro, souhaitant sa chute, lui préférant Lula comme président. Ils se mobilisent de plus en plus, malgré la pandémie, pour exprimer leur rejet de Bolsonaro.

Le Brésil est actuellement contre Bolsonaro et cherche le moyen de le vaincre, de l’écarter du gouvernement, de le poursuivre en justice et de lui faire payer les torts qu’il a causés et qu’il continue de causer au pays. Pour les vies inutilement perdues. Pour la corruption à laquelle il s’adonne lui et ses enfants. Pour le désastre économique et social du pays. Pour la dégradation de l’image de la politique et du rôle de la présidence. Pour la dévalorisation de la science, des vaccins, du SUS (Sistema Único de Saúde — le système public de santé), du personnel de la santé publique. Pour l’image honteuse qu’il donne du pays dans le monde.

Tôt ou tard, Bolsonaro sera vaincu, destitué de la présidence, poursuivi et condamné, afin de payer pour tout ce qu’il a fait de mal et n’a pas fait correctement. La justice sera rendue, le pire gouvernement de l’histoire du Brésil ne restera pas impuni, afin que le Brésil, les Brésiliennes et les Brésiliens soient à nouveau heureux.

Emir Sader

https://www.alainet.org/es/articulo/213227     Traduction : Venesol