Comme les hors-la-loi à l’époque coloniale

Les gouvernements américain, britannique et la droite vénézuélienne se comportent comme des flibustiers en haute mer, s’appropriant des biens qui ne leur appartiennent pas, et les volant à leur seul profit.

Une chose est d’être des rivaux politiques, dans le combat entre la droite et la gauche ; une autre est de profiter de la rivalité et de la « faiblesse » des autres, pour voler ouvertement la propriété des États.

C’est le cas de la Grande-Bretagne et du Venezuela. Dans une manœuvre qu’on n’avait jamais vue auparavant, les États-Unis, la Grande-Bretagne et la droite vénézuélienne ont l’intention de voler 32 tonnes d’or, appartenant au Venezuela, provenant de la réserve nationale, d’une valeur d’un milliard de dollars, que le gouvernement de Maduro, par l’intermédiaire de la Banque centrale du Venezuela (BCV), présidée par Calixto Ortega, tente de récupérer depuis presque trois ans, et qui se trouvent dans les coffres de la Banque d’Angleterre.

Tout a commencé lorsque Juan Guaidó s’est illégitimement proclamé président de la République bolivarienne du Venezuela, et que les autorités britanniques l’ont reconnu comme tel. En juillet 2019, l’Assemblée nationale vénézuélienne (alors dominée par la droite et présidée par Guaidó), a désigné la direction ad-hoc de la Banque centrale du Venezuela et a demandé à Londres de ne pas remettre de lingots au gouvernement de Nicolás Maduro.

Sur fond de crise économique et sanitaire au Venezuela, l’or s’est avéré être l’une des rares alternatives de financement et de liquidité pour le gouvernement de Nicolás Maduro, surtout après que les États-Unis ont imposé, en 2019, des sanctions à la compagnie pétrolière publique PDVSA, qui lui fournissait des revenus vitaux.

La rétention de l’or de la banque centrale par les autorités britanniques est une agression de plus contre le Venezuela. Si la Cour suprême britannique donne le contrôle des lingots d’or au conseil de la banque centrale du Venezuela nommé par Guaidó, cela créerait un précédent que la droite espère utiliser pour récupérer les actifs vénézuéliens déposés dans d’autres banques centrales européennes.

La décision du Royaume-Uni, sur l’or vénézuélien, une jurisprudence coloniale en passe d’être prise, pourrait inciter des gouvernements parallèles au pillage de pays pauvres. En d’autres termes, un tel abus de pouvoir serait un pas décisif pour que la banque britannique finisse par garder l’or vénézuélien, non seulement de facto, mais avec la caution juridique de la haute cour, ce qui générerait une jurisprudence, c’est-à-dire une décision définitive qui pourrait servir de référence juridique pour la résolution de cas similaires.

La Banque centrale du Venezuela a indiqué en mai 2020 qu’elle avait convenu avec le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) que l’organisme multilatéral administrerait les fonds retenus par la Banque d’Angleterre pour l’achat urgent de médicaments et d’équipements médicaux afin de faire face à la propagation du coronavirus. En d’autres termes, afin de débloquer la situation, l’organisme même qui a déposé l’or permet à un tiers d’utiliser ces ressources. Cependant, la banque britannique a rejeté cette possibilité.

Pour le gouvernement britannique, s’approprier les réserves internationales d’un autre pays n’a rien de nouveau. Il l’a fait il y a quelques années avec les réserves libyennes.

On estime qu’une trentaine de pays ont leurs réserves d’or dans cette banque britannique, et si une telle décision finit par être portée devant les tribunaux britanniques, elle créera, nous le répétons, une jurisprudence qui mettra en danger les réserves internationales de tout pays ayant fait confiance aux banques britanniques.

Pour donner un exemple hypothétique, avec le Pérou. Si la candidate battue Keiko Fujimori décide de s’auto-proclamer présidente en exil et obtient le soutien du gouvernement britannique, ce dernier pourrait conserver les réserves d’or qui se trouvent dans ses coffres, mais qui appartiennent au Pérou, ou en céder tout ou partie au gouvernement imaginaire de Fujimori.

Pour poursuivre avec une autre hypothèse aujourd’hui écartée, si la dictature de Jeanine Añez, au lieu de convoquer des élections, s’était rendue dans un autre pays et s’était déclarée présidente en exil, alors l’or de la Bolivie, qui se trouve actuellement à Londres, pourrait « se perdre » dans les coffres britanniques ou « se dissoudre » dans des paiements au gouvernement supposé légitime.

Pour mieux comprendre, c’est ce qu’a fait le gouvernement du défunt président Hugo Chávez. S’il n’avait pas pris la décision de rapatrier la majeure partie de l’or que le Venezuela possédait au Royaume-Uni, le pays aurait perdu près de 200 tonnes d’or, soit près de 20 milliards de dollars qu’il possédait en 2011, avant le rapatriement de 160 tonnes, effectué en réponse à la « perte » des réserves internationales libyennes.

Cela montre clairement qu’aujourd’hui, le droit national et international ne compte plus. Pendant des décennies, les gouvernements, même avant le chavisme, ont stocké leurs lingots d’or dans les coffres souterrains de la Banque de Londres, les utilisant pour les transactions financières internationales. Aujourd’hui, la Banque de Londres refuse de se conformer à son obligation de les restituer conformément à un contrat international en vigueur.

Rappelons que, dans ce contexte complexe, l’or revêt une importance cruciale. Déjà dans les années 1990, lorsque se faisaient sentir les effets de la débâcle économique qui a débuté dans les années 1980, l’or était considéré comme l’une des principales solutions pour faire face à la crise de la dette extérieure et aux politiques d’ajustement néolibérales.

Au cours de ces années, le paiement de la dette avec de l’or a été suggéré. Le président de l’époque, Rafael Caldera, a ouvert la voie à l’exploitation de l’or dans la réserve forestière d’Imataca, ce qui n’a pas été sans susciter la résistance d’organisations sociales et de porte-parole soucieux de l’environnement, générant ainsi l’une des mobilisations les plus intéressantes de l’histoire des mouvements écologistes vénézuéliens contemporains.

Aujourd’hui, l’or, nous le répétons, devient l’un des principaux refuges économiques du gouvernement de Nicolás Maduro.

Nous répétons que, si de l’or est volé au Venezuela, cela paralyserait sa capacité à lutter contre le Covid-19, car l’argent sera utilisé pour des fournitures médicales, des équipements de protection, des médicaments et des vaccins.

Dans cette même ligne de vol flagrant, comme le souligne Misión Verdad, « le dispositif criminel » formé par Guaidó, les États-Unis, la Grande-Bretagne et d’autres cleptomanes, va au-delà de l’or vénézuélien. Ils s’en prennent par exemple à la société Monómeros, un autre exemple d’attaque sur les actifs vénézuéliens, par les anti-chavistes pour approfondir le coup d’État et étendre le pillage néolibéral.

C’est l’un des nombreux exemples de l’opération combinée de pillage, de tentatives de coup d’État continu, bien que dans un contexte dramatique, c’est le cas de Monómeros, la filiale de Petróleos de Venezuela, S.A. (PDVSA) située à Barranquilla, en Colombie, qui a été démantelée et détruite par les directeurs de cette entreprise, en concertation avec le président colombien Iván Duque et Guaidó.

Dans The Canary, le journaliste John McEvoy a publié un article affirmant que le gel des avoirs vénézuéliens fait clairement partie de la campagne de guerre hybride menée par les États-Unis et le Royaume-Uni contre le Venezuela, dont une partie essentielle implique la destruction de l’économie du pays, comme l’a reconnu en 2018 Boris Johnson, aujourd’hui Premier ministre britannique.

Il souligne également que la question de l’or vénézuélien déposé à la Banque d’Angleterre est fondamentalement politique et ne peut être séparée de l’effort mené par les États-Unis pour déstabiliser et renverser le pays, non seulement son gouvernement mais aussi le sentiment d’identité nationale qui lui a permis de résister et d’avancer au milieu des difficultés.

Dans la même veine criminelle, un article de Bloomberg publié le jeudi 5 août révèle que Citgo Petroleum Corporation, une holding énergétique publique vénézuélienne opérant aux États-Unis, est susceptible d’être vendue pour rembourser 7 milliards de dollars de dettes. Les créanciers organisent des actions en justice pour prendre le contrôle de la société, et il semblerait qu’ils y parviennent, car le décret de Trump maintenant la société sous le contrôle de Guaidó expire en octobre prochain.

L’instrumentalistion du pillage des actifs, pour étendre le pillage des ressources au Venezuela est, sans aucun doute, un aspect de la guerre contre le Venezuela qui montre le mieux ce qui se cache derrière le « plan Guaidó, USA, Grande-Bretagne et autres », puisqu’il ne s’agit pas d’une opération isolée contre le Venezuela, mais d’un modèle d’intervention dans lequel s’inscrivent les alliés du complexe des grandes entreprises qui contrôlent le capital mondial.

En bref, comme nous l’avons déjà souligné, les gouvernements américain, britannique et la droite vénézuélienne se comportent comme des flibustiers en haute mer, s’appropriant des biens qui ne leur appartiennent pas, et les volant à leur seul profit.

Ce sont tous des voyous qui n’utilisent plus la violence, mais se réfugient dans des manipulations juridiques pour voler les pays en crise qui n’ont pas la cote auprès des grands pays capitalistes.

José A. Amesty R.

Source : alainet     Traduction : Venesol