Chavisme et opposition reprennent le dialogue

C’est au Mexique et sous les auspices de la Norvège, que le chavisme et l’opposition vénézuélienne reprennent le dialogue. L’ordre du jour portera sur les sanctions internationales, la libération des prisonniers politiques et la garantie des conditions pour les élections régionales du 21 novembre.

Maduro demande la levée des sanctions des États-Unis, du Canada
et de l’Union européenne….. Image : AFP

Le gouvernement et l’opposition vénézuéliens reviennent à la table des négociations ce vendredi à Mexico, avec l’intention de débloquer des années de confrontation. L’opposition, toujours fragmentée, cherche à obtenir des « garanties » pour participer à des élections « libres, équitables et transparentes », libérer les prisonniers politiques et permettre l’entrée de l’aide humanitaire dans le pays. Le secteur de l’opposition dirigé par Henrique Capriles, deux fois candidat à la présidence, a confirmé sa participation au processus tout comme l’opposition dirigée par Juan Guaidó, qui semble en perte de vitesse en raison de son refus de participer aux élections régionales du 21 novembre. De son côté, le gouvernement de Nicolás Maduro, qui arrive à la table de négociations avec de meilleures perspectives, exigera qu’en plus de la levée des sanctions, l’ordre du jour comprenne la « reconnaissance des autorités légitimes du Venezuela », le « renoncement à la violence » et « la participation de toute l’opposition ».

La réunion de ce vendredi (13 août) précède la semaine de travail qui débutera le 30 août et est considérée comme le début officiel des négociations sous la médiation, une fois encore, de la Norvège. La démarche du Mexique intervient alors que le président Andrés Manuel López Obrador joue un rôle croissant dans la promotion de l’unité latino-américaine. En 2019, le gouvernement d’AMLO a été l’un des rares de la région à ne pas reconnaître la « présidence autoproclamée » de Guaidó et a mené avec l’Uruguay une proposition de rapprochement entre Maduro et l’opposition. « Le gouvernement mexicain a toujours encouragé le dialogue entre les Vénézuéliens eux-mêmes comme seule solution à la situation au Venezuela, sans ingérence et en privilégiant une vision humanitaire », a déclaré mercredi Maximiliano Reyes, sous-secrétaire aux affaires étrangères pour l’Amérique latine.

L’agenda

La liste des exigences avec lesquelles chacun va s’asseoir à la table de négociations est très différente. « Nous avons formulé une série d’exigences et nous les maintenons fermement : premièrement, la levée immédiate de toutes les sanctions pénales », a déclaré le président Nicolás Maduro, faisant référence à la batterie de mesures contre le gouvernement et ses principales figures, dont l’embargo pétrolier américain. En juin, les États-Unis, le Canada et l’Union européenne se sont déclarés prêts à « réexaminer » les sanctions contre Maduro s’ils constatent des « progrès significatifs » vers des élections « crédibles, inclusives et transparentes ».

Le gouvernement vénézuélien exige également la reconnaissance d’institutions telles que la présidence, l’Assemblée nationale élue en 2020 et la Cour suprême de justice. Enfin, il exige la « restitution des avoirs vénézuéliens » que certains gouvernements et institutions financières internationales ont gelés à l’étranger et que « toutes les oppositions » participent au dialogue.

De son côté, l’opposition vénézuélienne avance deux revendications principales. La première est la discussion d’un calendrier pour des élections « libres et équitables », y compris des élections présidentielles et parlementaires nationales. La seconde est l’entrée massive dans le pays d’aide humanitaire et de vaccins contre le coronavirus. Un troisième point, plus large, est la nécessité de « garanties démocratiques », une demande qui inclut la libération de 268 personnes qu’elle considère des prisonniers politiques.

Les délégués

Le gouvernement Maduro sera représenté au Mexique par Jorge Rodríguez, président de l’Assemblée nationale élu en 2020 et ancien maire de Caracas. Héctor Rodríguez, gouverneur de l’État central de Miranda, ancien ministre des sports et de la jeunesse sous Maduro représentera également les intérêts du parti au pouvoir.

La délégation de l’opposition sera conduite par l’avocat constitutionnel, ancien maire et ancien député Gerardo Blyde. Il sera accompagné dans ses démarches par des dirigeants de partis politiques tels que Luis Emilio Rondón père, de Un Nuevo Tiempo, Mariela Magallanes, de La Causa R, et Tomás Guanipa, ambassadeur du gouvernement autoproclamé de Guaidó en Colombie qui a démissionné de son « poste » pour participer au dialogue. Stalin González, ancien député et porte-parole de l’opposition lors des processus de négociation qui ont échoué à la Barbade en 2019, y participera également.

Une opposition divisée

Autoproclamé président en 2019 après la réélection de Maduro l’année précédente, Guaidó a perdu son emprise sur le pouvoir législatif après les élections législatives du 6 décembre, que le chavisme a largement gagnées. Le chef de l’opposition la plus ultra s’accroche à sa légitimité en s’asseyant pour négocier par l’intermédiaire de ses délégués, bien que le gouvernement ait clairement le dessus. Et même au sein de l’opposition fragmentée, sa figure semble être éclipsée par celle de Capriles.

« Pendant que ce processus de négociation se déroule, il y a des élections et l’opposition sera plus forte dans la négociation si elle fait de bons résultats aux élections », a déclaré Capriles, qui s’engage à un dialogue « discret » loin des caméras de télévision. Le leader souhaite que l’opposition participe aux élections au cours desquelles seront élus les prochains maires, gouverneurs et députés locaux et régionaux, malgré le fait que le secteur dirigé par Guaidó ait montré sa réticence. « Je vais voter le 21 novembre, c’est une décision que j’ai prise et qui est on ne peut plus claire, mais un arbre seul ne fait pas une forêt, je ne suis qu’un seul vote », a commenté Capriles, historiquement lié aux secteurs les plus radicaux de l’opposition vénézuélienne.

Source : Pagina/12    Traduction : Venesol