Pour pouvoir gagner l’élection, Xiomara Castro, a dû avoir recours à un pacte appelé « Pacte du Bicentenaire ». Son parti de gauche Liberté et Refondation (LIBRE) s’est allié avec entre autres le Parti Salvador de Honduras (dirigé par Salvador Nasralla), avec le parti Unité et Innovation Démocratique et une partie du Parti Libéral liés à l’ancien candidat à la présidence Luis Zelaya.

avec dix points d’avance sur son principal adversaire, Nasry Asfura du Parti National.
Les faits et les acteurs
Le principal accord du « Pacte du Bicentenaire » est que, si la coalition gagnait les élections, elle nommerait président du Congrès le député Luis Redondo du Parti Salvador de Honduras.
Ces dernières années, le député Luis Redondo s’est illustré par son travail permanent de lutte contre la corruption et l’arbitraire au sein du Congrès. En ce sens, Redondo, en tant que président du Congrès, pourrait sans aucun doute apporter un changement dans le fonctionnement corrompu et arbitraire du Pouvoir Législatif, notamment en limitant de manière drastique l’accès des députés aux fonds publics.
Ce pacte était destiné à vaincre le Parti National (parti de l’actuel président Juan Orlando Hernández) et son candidat, ce qui a été fait mais, usant d’une stratégie frauduleuse, le PN a obtenu 43 députés sur 128 face aux 50 du parti LIBRE de Xiomara Castro.
Tout allait bien, même si certains éteint inquiets et surpris parce qu’il semblait que le Parti National était décidé à remettre le pouvoir de manière pacifique. Mais, à une semaine de l’investiture de la présidente Xiomara Castro, une crise s’est produite au sein du parti LIBRE.
Le 20 janvier 2022, Castro a convoqué les députés élus de son parti afin d’honorer le pacte en nommant Luis Redondo président du Congrès. À cette réunion, 20 des 50 députés élus étaient absents. Ces députés, dirigés par Jorge Calix et Beatriz Valle, se sont unis aux députés du Parti National pour essayer de faire élire Jorge Càlix président du Congrès.
Qui sont Jorge Calix et Beatriz Valle?
Calix, jusqu’à présent lié à LIBRE, a été très actif au Parlement, participant à de nombreuses initiatives contre le Gouvernement nationaliste, il est issu de la classe aisée qui rejette traditionnellement une bonne partie des bases de son parti. Il a plusieurs fois été accusé de fraude aux élections primaires du parti par ses propres camarades. Beatriz Valle est une autre représentante de l’élite économique liée à LIBRE.
Les a également rejoints Yahve Sabillòn, un député qui, dans le passé, avait apporté son soutien à des initiatives de lutte contre la corruption mais qui, en rejoignant les « pourris » de Càlix, montre clairement qu’il fait partie du problème qu’il disait combattre.
Cette trahison a était condamnée par la présidente Xiomara Castro et par une partie de l’alliance ‘Pacte du Bicentenaire’ et de sa base mais la crise s’était déjà installée puisque, si les 20 députés dissidents se joignent au groupe du Parti National, ils compteront 63 députés, donc, en s’alliant à une poignée de députés libéraux ou d’autres petits partis, le Parti National contrôlera le Pouvoir Législatif et les possibilités d’action du nouveau Gouvernement de Xiomara Castro seront réduites de façon drastique.
Si les dissidents de LIBRE dirigés par Càlix réussissent à renforcer leur pacte avec le Parti National et le Parti Libéral, la présidente Xiomara aura les mains liées pour réaliser la rénovation d’institutions clefs comme la Cour Suprême de Justice et ne pourra pas mener à bien les réformes nécessaires destinées à démanteler la structure du pouvoir corrompu créée par le Parti National. Les dégâts pour le Gouvernement seraient terribles et fourniraient une occasion en or aux forces obscures qui ont gouverné le Honduras depuis le coup d’État de 2009 qui pourront se réorganiser pour reprendre le pouvoir en 2022.
Suite à la crise au parti LIBRE, la présidente élue et le parti LIBRE ont annoncé l’expulsion des traîtres Jorge Cálix, Beatriz Valle, Denis Chirinos, Francis Cabrera, Mario Enrique Cálix, Mario Portillo, Samuel Madrid, Ronald Panchame, Ramón Soto, Marco Tinoco, Edgardo Castro, Juan Ramón Flores, Sergio Castellanos, Germán Altamirano, Yahvé Sabillón, Marco Eliud Girón, Wilmer Cruz et Margarita Dabdoub Sikaffi qui veulent remettre le Pouvoir Législatif au président sortant Juan Orlando Hernández.
Ce groupe de députés cherche d’une part à conserver le fonctionnement déficient du Pouvoir Législatif dont le président jouit d’une autorité pharaonique et d’un grand pouvoir discrétionnaire qui lui permet de bloquer des lois et des contrats publics. Le président du Congrès peut également agir comme un authentique pouvoir factuel, c’est pourquoi de nombreux acteurs et politiques et économiques cherchent à avoir des relations avec lui. Les occasions de s’enrichir et de favoriser sa carrière politique sont énormes. De plus, le passage par la présidence du Pouvoir Législatif est vu, dans le système politique hondurien, comme une étape vers la candidature à la présidence de la République.
D’autre part, certains députés espérent bénéficier des fonds publics qui se trouvent actuellement au Congrès, ce qui pourrait expliquer le succès du jeu de Jorge Càlix qui a rallié un peu moins de la moitié des députés de son parti à sa cause.
Il y a donc maintenant au Honduras deux directions du Congrès parallèles qui ont prêté serment. Un fait en partie copié sur l’opposition vénézuélienne lorsqu’en 2015, Guaidò s’est autoproclamé président en charge du Venezuela, a convoqué pour ratifier son auto-proclamation l’ancienne Assemblée Nationale d’opposition et avec le soutien des USA et d’alliés étrangers a été reconnu par une cinquantaine de pays latino-américains et du monde.
Ce 23 janvier 2022, 18 députés dissidents du parti de Xiomara Castro, Liberté et Refondation (LIBRE), avec le soutien de formations de droite, ont élu Jorge Cálix président du Congrès lors d’une session célébrée dans un club social, à Bosques de Zambrano, dans les environs de Tegucigalpa.
Parallèlement, dans les locaux du Congès, les députés de LIBRE fidèles à Castro ont nommé le député du Parti Salvador de Honduras (PSH), Luis Redondo, président du Congrès.
La présidente élue Xiomara Castro a déclaré : « Je reconnais la Présidence du Congrès dirigée par le député Luis Redondo et je l’invite à mon investiture avec le Peuple, le 27 janvier. Je félicite les députés qui rejettent douze ans de réseaux de corruption de ‘Joh’. Je vais les saluer au Congrès National. Nous gagnons ! »
Immédiatement, sur les réseaux sociaux, de nombreux citoyens ont exprimé leur inquiétude face à ces événements. « Nous avons deux Congrès. Nous déclarons ouverte la crise constitutionnelle de 2022, » a twitté l’avocat Dennis Emilio Hércules qui recommande de faire « très attention car la situation actuelle peut amener la rupture de l’ordre constitutionnel. »
« Une crise de grande dimension arrive, qui met en danger l’investiture de Xiomara Castro » a déclaré à l’ AFP l’analyste et professeur de sociologie de l’Université Nationale Eugenio Sosa. « Il y a aussi le danger d’un nouveau coup d’État » a-t-il ajouté.
Pourvu que l’opposition hondurienne n’aura pas l’idée de mettre en place un président parallèle à la présidente élue, Xiomara Castro.
José A. Amesty R
Source : Resumen latinoamericano Traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos