Le 11 avril marque le 20e anniversaire du coup d’État qui a écarté le président Hugo Chávez Frías du gouvernement de la République bolivarienne du Venezuela pendant 48 heures en 2002. En un temps record, le peuple et les forces armées bolivariennes ont sauvé le leader vénézuélien et restauré la démocratie dans ce pays.

Entre 1994 et 2013, Stella Calloni a interviewé le Comandante Hugo Chávez à onze reprises : à sa sortie de prison après avoir mené un soulèvement populaire, en tant que candidat, en tant que président, et s’est même entretenue avec le leader vénézuélien le 11 avril 2002, lorsque, depuis le palais de Miraflores, et contrairement à la version qui circulait déjà dans les médias hégémoniques, Chávez lui a assuré : « Je n’ai pas démissionné. Ce qui se passe ici est un coup d’État ».
Comment Hugo Chávez est-il devenu un si grand leader ?
Il faut rappeler que Chávez est apparu sur la scène publique en 1992, avec un soulèvement civico-militaire contre le modèle néolibéral que le président de l’époque, Carlos Andrés Pérez, mettait en œuvre. Un soulèvement que les médias ont tenté de dépeindre comme une tentative de coup d’État.
Ce soulèvement était le produit du soulèvement populaire de 1989, connu sous le nom de « El Caracazo », qui a été le premier soulèvement populaire contre le modèle néolibéral en Amérique latine. Le gouvernement de Carlos Andrés Pérez a ordonné la répression du soulèvement et le massacre qui s’en est suivi a rempli les jeunes soldats, dont Chávez, d’indignation.
En 1992, le soulèvement a été vaincu et Chávez a fini en prison pour l’avoir dirigé, mais il est devenu la grande référence pour tous les opprimés du Venezuela et, après sa sortie de prison, il a remporté haut la main les élections de 1998.
Lorsque Chávez est devenu président, la refondation du Venezuela a commencé, et un processus de création d’une nouvelle constitution a été lancé.
Les politiques promues par Chávez ont inversé le modèle néolibéral totalement injuste. Le Venezuela est un pays très riche, mais avant Chávez, la richesse générée par la vente du pétrole restait entre très peu de mains et la plupart des Vénézuéliens vivaient dans la pauvreté. L’oligarchie, alliée aux États-Unis, s’enrichit et la majorité du peuple vit dans la pauvreté. Chávez a inversé la tendance, c’est pourquoi il était toujours dans le collimateur de la droite, qui a immédiatement commencé à l’attaquer.
Comment s’est déroulé le coup d’État et la réaction populaire ?
C’est dans ce contexte qu’a eu lieu le coup d’État du 11 avril 2002, qui était un coup d’État médiatico-militaire. Cela se reflète très bien dans le documentaire «La revolución no será transmitida» (https://www.youtube.com/watch?v=jRNo5hJXt8E), qui montre le rôle des médias et des États-Unis dans ce coup d’État.
Le jour même, toutes les informations qui sont arrivées étaient très partiales et les médias hégémoniques ont diffusé la version selon laquelle Chávez avait démissionné. Les correspondants qui étaient à Caracas ne savaient pas trop ce qui se passait. Après avoir insisté en passant par différents canaux, j’ai réussi à communiquer avec le palais de Miraflores et j’ai parlé très brièvement avec le président Chávez qui m’a dit : « Stella, je n’ai pas démissionné. C’est un coup d’État » et depuis La Jornada de México nous avons été les premiers à dénoncer qu’il s’agissait d’un coup d’État et que le président Chávez n’avait pas démissionné ni n’allait le faire.
Les mêmes médias qui mentent aujourd’hui de manière flagrante sur ce qui se passe en Ukraine, les mêmes médias qui ont menti de manière flagrante sur ce qui se passait en Libye et dans d’autres pays, sont ceux qui, à l’époque, ont menti de manière flagrante sur ce qui se passait au Venezuela et voulaient nous faire croire que Chávez avait démissionné et qu’il n’y avait pas eu de coup d’État.
Lors du coup d’État, Chávez a été emmené sur la base de l’île d’Orchila et Pedro Carmona a prêté serment en tant que président, qui était le président de l’association patronale Fedecámaras, un représentant de l’oligarchie vénézuélienne répondant aux intérêts des États-Unis.
C’était incroyable, extraordinaire. Dans les quartiers pauvres autour de Caracas, les gens ont commencé à se mobiliser avec des mégaphones et la nouvelle Constitution bolivarienne à la main, pour aller défendre la démocratie et leur président Chávez.
Ce fut une explosion sociale comparable à celle du 17 octobre (1945) en Argentine. Des millions de personnes des quartiers pauvres sont descendues dans les rues de Caracas et ont encerclé le palais de Miraflores. À ce moment-là, les militaires démocrates fidèles à Chávez ont rejoint la rébellion populaire, ont repris le contrôle du gouvernement et une escouade de parachutistes s’est rendue sur l’île où Chávez était détenu et l’a libéré. Le 11 avril est la première fois qu’un coup d’État imposé par les États-Unis est défait en 48 heures.
Cet événement a-t-il marqué un avant et un après dans l’histoire du Venezuela ?
Non seulement pour le Venezuela mais pour toute l’Amérique latine. Une chose que Chávez nous a apprise, c’est que de chaque coup d’État, de chaque agression, il est sorti plus fort. Après ce coup d’État, il y a eu la grève du pétrole, puis d’innombrables agressions et Chávez en est toujours sorti plus fort.
Après l’échec du coup d’État de 2002, et grâce à l’alliance phénoménale entre Chávez, Néstor Kirchner et Lula da Silva, le « Non à l’ALCA » est intervenu, l’alliance régionale a été consolidée, le MERCOSUR a été reformulé, l’OPEP a été consolidée, l’UNASUR a été créée ainsi que l’ALBA-TCP et la CELAC. TeleSUR a également été créée, qui est un outil fondamental dans la lutte pour la communication dans toute la région. Le gouvernement vénézuélien a mené un très grand nombre de politiques qui ont grandement favorisé le peuple. C’était une période extraordinaire. Par conséquent, vingt ans après cet événement historique, il s’agit d’une page importante pour Chávez, pour le peuple vénézuélien et pour l’ensemble de l’Amérique latine.
Hector Bernardo
Source : Diario Contexto Traduction : Venesol