AMLO a réaffirmé que son pays ne cédera son « indépendance à aucun gouvernement étranger », même s’il s’agit du marché le plus important du monde.

Le président du Mexique, Andrés Manuel López Obrador (AMLO), a assuré jeudi que son pays n’accepte pas de céder sa souveraineté pour le traité entre le Mexique, les États-Unis et le Canada [T-MEC], face aux récentes demandes des deux pays de réformer la politique énergétique mexicaine qui vise à renforcer l’entreprise publique d’électricité.
« Quand bien même ce serait le marché le plus important du monde. Si avoir accès à ce marché implique un abandon de souveraineté, nous ne l’acceptons pas. Nous n’allons pas céder notre indépendance à un quelconque gouvernement étranger », a prévenu le président mexicain lors de sa conférence de presse matinale.
Dans son discours, il a fait référence au huitième chapitre du T-MEC, dont la formulation a été controversée et a provoqué l’arrêt des négociations pendant près de 15 jours, car AMLO s’est opposé « à ce qui avait déjà été négocié par les fonctionnaires du gouvernement précédent ».
Ce chapitre souligne que le Mexique « a le plein contrôle » de ses ressources énergétiques, et que « tous les hydrocarbures du sous-sol du territoire national » sont la propriété absolue et indiscutable du pays.
AMLO a fait une lecture publique de certains paragraphes du chapitre précité de l’accord commercial, et a appelé à une réflexion sur la richesse en gaz et en pétrole présente dans le sous-sol mexicain.
Le chef d’État a fait part de son intention d’envoyer une lettre à son homologue américain, Joe Biden, pour exprimer son désaccord avec la demande de consultation émise la semaine dernière par la représentante juridique de la Maison Blanche pour le T-MEC, Katherine Tai.
« Comment allons-nous accepter cela ? Et je suis sûr que le Président Biden ne le sait même pas. J’ai envie de lui envoyer une lettre pour lui demander : Que se passe-t-il ? Peut-être n’êtes-vous pas informé, parce que vous m’avez toujours dit, et je vous crois, que nos relations allaient être sur un pied d’égalité », a déclaré M. López Obrador.
Toutefois, M. López Obrador a réaffirmé qu’il ne sera pas nécessaire d’annuler le T-MEC, faisant allusion à l’évolution des temps et à l’intérêt de maintenir l’accord pour toutes les parties, en particulier pour le Mexique et les États-Unis.
« Et pourquoi n’y aura-t-il pas de rupture ? Non seulement parce que nous avons raison, mais aussi parce que ce n’est pas dans notre intérêt et pas seulement pour le Mexique. Ce n’est pas dans l’intérêt des États-Unis, nous ne sommes plus dans le temps d’avant », a-t-il déclaré.
La demande soumise par la partie américaine a le soutien du Canada, selon une déclaration de la porte-parole du ministère canadien du Commerce international, Alice Hansen, rapportée par les agences de presse internationales.
Ces deux pays accusent le Mexique d’enfreindre les lois sur la concurrence énoncées dans le T-MEC en reformulant la loi mexicaine sur l’industrie de l’électricité de manière à avantager l’entreprise publique d’électricité par rapport aux entreprises étrangères.
Qu’est-ce que le T-MEC ?
Entré en vigueur le 1er juillet 2020, le T-MEC est le résultat d’une renégociation entre le Mexique, les États-Unis et le Canada de l’ancien Accord de libre-échange nord-atlantique (ALENA), en vigueur de 1994 au 31 juin 2020.
Le processus de négociation du T-MEC a débuté en 2017, et a été signé en décembre 2019.
Selon le texte de l’accord commercial, il vise à renforcer l’amitié entre les trois pays, ainsi que leurs économies, leurs relations commerciales, la compétitivité des exportations, les petites et moyennes entreprises et à établir un cadre juridique clair, transparent et prévisible pour la planification des affaires.