Monómeros repasse sous le contrôle du gouvernement vénézuélien.

Après des années de mauvaise gestion sous le contrôle de l’opposition et des mois d’incertitude, le gouvernement vénézuélien a officiellement repris la société agrochimique Monómeros.

Pedro Rafael Tellechea Ruiz, président de l’entreprise publique Pequiven, s’adresse à
une assemblée de travailleurs chez Monómeros à Barranquilla, en Colombie.
(@monomerossa / Twitter)

Considérée comme le deuxième actif étranger le plus important du Venezuela, Monómeros a connu des mois d’incertitude en raison des manœuvres de l’ancien directeur général Guillermo Rodríguez Laprea pour résister à la restitution de l’entreprise à la société d’État Pequiven.

Pedro Rafael Tellechea Ruiz, président de Pequiven, s’est rendu mardi à Barranquilla, en Colombie, pour visiter l’une des installations de Monómeros.

« Le monde entier saura que nous sommes fiers et heureux d’avoir une entreprise comme Monómeros », a déclaré M. Tellechea devant l’assemblée des travailleurs.

L’entreprise agrochimique basée en Colombie était passée sous le contrôle de l’opposition dure du Venezuela en mai 2019 — tout comme un certain nombre d’autres actifs étrangers — suite à la reconnaissance de Juan Guaidó comme « président par intérim » par Washington et ses alliés dans le cadre des efforts visant à faire tomber le gouvernement de Nicolás Maduro.

Après sa victoire électorale en juin, le président colombien Gustavo Petro s’était engagé à restituer Monómeros à la société d’État Pequiven, et à la placer ainsi sous la gestion du gouvernement vénézuélien, dans le cadre de plusieurs mesures visant à rétablir les relations diplomatiques et économiques avec le Venezuela. Toutefois, le transfert a été remis en question après que l’ancien directeur général a laissé entendre que la société serait « paralysée » si elle revenait à l’État vénézuélien.

Monómeros jouit d’une exemption de sanctions accordée par l’Office of Foreign Assets Control (OFAC) du département du Trésor américain. La licence actuelle a été renouvelée en juin 2022, alors qu’elle était encore dirigée par l’opposition vénézuélienne, et doit expirer le 30 juin 2023.

Le département du Trésor américain n’a pas répondu à une demande de renseignements sur le statut de la licence OFAC pour Monómeros.

Alors qu’elle était dirigée par des conseils d’administration successifs nommés par Guaidó, Monómeros a été la proie de scandales et de soupçons de corruption, qui ont gravement affecté sa productivité et généré de graves problèmes pour les producteurs ruraux de Colombie.

Avant de sombrer, Monómeros, qui compte deux usines principales, jouait un rôle majeur dans la chaîne alimentaire colombienne, fournissant auparavant près de la moitié des engrais et 70 % des produits agrochimiques utilisés pour la production de café, de pommes de terre et d’huile de palme.

Dans son discours aux travailleurs, le président de Pequiven, M. Tellechea, a déclaré que l’entreprise avait retrouvé une situation financière saine et qu’elle pouvait compter sur les matières premières nécessaires pour reprendre la production, puis il s’est engagé à rétablir son statut de producteur industriel clé de produits agrochimiques.

Les comptes de médias sociaux de Monómeros étaient également remplis de messages célébrant le retour de l’entreprise sous le contrôle du gouvernement vénézuélien.

« À partir d’aujourd’hui, Monómeros commence à écrire un nouveau chapitre de son histoire ! », pouvait-on lire sur Twitter.

Le vice-président vénézuélien chargé des affaires économiques, Tareck El Aissami, a annoncé qu’il avait nommé Ninoska La Concha comme nouvelle directrice générale, une ressortissante vénézuélienne qui avait déjà dirigé Fertilizantes Oriente, une autre filiale de Pequiven.

« Le redressement total de Monómeros a commencé à partir de cette minute », a déclaré El Aissami.

La perte de contrôle de Monómeros est considérée comme un nouveau revers pour l’opposition vénézuélienne dure dirigée par Juan Guaidó. Outre sa mauvaise gestion, l’entreprise a souffert des luttes politiques intestines entre divers groupes antigouvernementaux.

Ces groupes s’accusent mutuellement, rejetant sur l’autre la responsabilité des nombreux problèmes de l’entreprise, ce qui a conduit l’ambassadeur de Colombie au Venezuela, Armando Benedetti, à se moquer d’eux sur son compte Twitter.

« L’opposition vénézuélienne est très drôle. Maintenant, le clan de Guaidó dit que c’est le clan lié à Leopoldo [López] qui était responsable du pillage de Monómeros et ils se demandent pourquoi [l’ancien président colombien] Iván Duque n’a pas enquêté sur cette affaire », a écrit Benedetti.

Guaidó maintient qu’ils ont demandé une enquête sur les irrégularités de la société lorsqu’elles sont apparues.

Le vice-président Tareck El Aissami a par ailleurs annoncé que le Venezuela demandait l’arrestation de 23 personnes pour leur implication présumée dans la corruption à Monómeros, affirmant qu’elles ont laissé l’entreprise en ruines pour leur profit personnel.

Source : https://venezuelanalysis.com/news/15606