Après sept ans de fermeture au transport de véhicules et de marchandises, la Colombie et le Venezuela ont rouvert lundi leurs postes-frontières au pont international Simón Bolívar dans un acte symbolique qui marque le rapprochement entre les deux pays après l’arrivée du président Gustavo Petro à la Casa de Nariño.
Le président colombien est arrivé à la zone frontalière — qui relie la municipalité colombienne de Cúcuta à la ville vénézuélienne de San Antonio del Táchira — à midi, où il a serré la main des autorités vénézuéliennes, notamment du ministre des transports, Ramón Velásquez Araguayán, et du gouverneur de l’État vénézuélien de Táchira, Freddy Bernal.
En présence des autorités des deux pays, la Garde nationale bolivarienne (GNB) du Venezuela a joué l’hymne national colombien, suivi par l’armée colombienne qui a chanté le Gloria al Bravo Pueblo venezolano (Gloire au courageux peuple vénézuélien). Une fois le protocole achevé, le passage frontalier a été officiellement ouvert et une paire de poids lourds a effectué le premier voyage symbolique sur le pont binational vers les deux pays.
« Je crois qu’aujourd’hui est un jour historique pour la région, pour le pays, pour l’Amérique du Sud, pour l’Amérique en général. La mondialisation est d’abord et avant tout une relation entre voisins. Quiconque mesure les flux commerciaux internationaux, les flux culturels, les flux de population, constatera toujours que la plus grande partie se fait entre voisins. Et c’était comme ça, avant que la folie sectaire ne prenne le dessus sur les cœurs et les cerveaux », a déclaré Gustavo Petro lors d’une conférence de presse qu’il a donnée depuis le côté colombien.
Le président colombien a également souligné que si le Venezuela rejoint la Communauté andine (CAN), comme il a déjà exprimé son intention de le faire, une zone commerciale et touristique sans précédent pourrait être étendue à toute l’Amérique du Sud, reliant les voyageurs et les familles de la région, depuis la Guyane et le Brésil jusqu’à la Patagonie chilienne.
Petro a également proposé qu’outre la question du transport frontalier, les relations puissent également être étendues et améliorées dans d’autres domaines tels que la culture, le social et l’éducation. Sur ce dernier point, il a proposé que les certifications professionnelles des deux pays soient standardisées, afin que les citoyens puissent accéder aux sources d’emploi de manière officielle et sans problèmes majeurs, tant au Venezuela qu’en Colombie.
Plus tôt, le président vénézuélien Nicolás Maduro a commenté sur Twitter la réouverture de la frontière : « Nous reprenons les relations et prenons des mesures fermes pour avancer dans l’ouverture totale et absolue de la frontière entre les peuples frères : la Colombie et le Venezuela. C’est un jour historique et capital ! ».
Avec cette mesure, Caracas et Bogota marquent une nouvelle étape dans la reconstruction des relations bilatérales — profondément endommagées pendant l’administration d’Iván Duque — et franchissent une étape fondamentale dans le programme de travail des présidents Gustavo Petro et Nicolás Maduro.
Le ministre vénézuélien de la Communication et de l’Information, Freddy Ñañez, a publié sur Twitter quelques photos de la réunion, à laquelle ont également participé le ministre colombien des Affaires étrangères, Álvaro Leyva Durán, le ministre colombien du Commerce, Germán Umaña, l’ambassadeur du Venezuela à Bogota, Félix Plasencia, entre autres représentants des deux gouvernements.
Pour sa part, le ministre vénézuélien des transports a informé, lors d’une autre conférence de presse, qu’en plus de l’ouverture de la frontière dans les régions de Táchira et de Norte de Santander en Colombie, les postes-frontières des États vénézuéliens d’Apure et de Zulia ont également été ouverts, laissant pour l’instant en attente la zone commune d’Amazonas.
Le haut fonctionnaire a expliqué que pour l’instant, les autorités des deux pays ont convenu que le passage de la frontière pour les piétons sera autorisé entre 5h00 du matin et 6h00 du soir, et que le transport de marchandises lourdes sera autorisé entre 10h00 du matin et 6h00 du soir, selon les règles établies par les douanes.
M. Velásquez Araguayán a ajouté que l’engagement des deux pays est « que l’ouverture soit permanente » et que la zone frontalière reste toujours ouverte dans les meilleures conditions d’amitié, afin que le travail commun permette de construire une relation harmonieuse et une alliance stratégique durable.
En ce qui concerne l’activation des vols de fret aérien, le représentant vénézuélien a expliqué que la compagnie aérienne d’État Conviasa sera chargée de transporter le fret de Caracas à Bogota, et a déclaré que le président Petro leur avait dit que le gouvernement colombien « organise une compagnie aérienne d’État de son côté, qui fera la liaison avec le Venezuela ».
Avant la réunion frontalière, le ministre colombien du commerce a déclaré au média local El Espectador que le rétablissement des relations vise à garantir que, d’ici 2023, il y aura un échange économique de plus de deux milliards de dollars entre les deux pays, ajoutant que l’objectif est que, d’ici la fin du gouvernement de Petro, le commerce binational soit d’environ quatre milliards et demi de dollars.
Selon les chiffres du ministère colombien du commerce, cités par les médias, le commerce bilatéral dépassait les 7 milliards en 2008, mais est tombé à son plus bas niveau en 2020, où il a enregistré environ 222 millions. En 2021, il a clôturé à 394 millions, tandis qu’en juillet 2022, le chiffre était de 383 millions de dollars.
Source : Actualidad RT